Dépérissement dans les chênaies de l’Allier : les forestiers partagent leurs solutions
Depuis trois ans, les forêts subissent le contrecoup des sécheresses... L’été 2021 a offert un répit aux forêts de l’Allier, mais cela n’a pas mis fin au processus de dépérissement. Les canicules et sécheresses de 2018, 2019 et 2020 auront un impact sur plusieurs années. L’impact d’un tel phénomène météo se fera ressentir encore sur 2 à 3 années minimum. On peut craindre un effet cumulatif avec, comme cette année, un printemps très sec.
100 000 m3 d’arbres dépérissants ont été récoltés en 2021, malgré un été frais et humide. Ce volume est similaire à celui de l’année 2020 (première année de constatation des dépérissements). Il est encore trop tôt pour faire le bilan pour l’année 2022. En septembre-octobre, après l’été 2022, il sera possible de constater s’il y a une première inflexion ou non sur les volumes dépérissants récoltés.
Adapter la gestion forestière des chênaies
Ce dépérissement remet en cause la planification des interventions forestières, car son impact est étalé sur plusieurs années. L’ONF a reporté des éclaircies initialement programmées dans les vieux peuplements. En parallèle, le renouvellement de parcelles très dépérissantes est enclenché par anticipation. Certaines zones vont donc être rajeunies plus précocement.
Les interventions évoluent pour prendre en compte la fragilité des parcelles qui ont été déstabilisées par les dépérissements. Pour réussir le renouvellement naturel des peuplements, il faut un nombre suffisant de semenciers en bonne santé. La capacité des vieux peuplements à se maintenir dans un contexte de changements climatiques pose question. L’INRAE a réalisé des travaux de recherche sur l’évolution des chênes à chaque période climatique, ce qui peut éclairer nos décisions de gestion. Faciliter l’évolution rapide des peuplements passe par leur régénération naturelle.
Préparer l’avenir
Les forestiers le savent, le hêtre disparaitra très probablement en plaine. Il faudra donc trouver un nouveau compagnon aux chênes dans la plaine. Le hêtre, en poussant à l’ombre du chêne, permettait d’élaguer naturellement son tronc, évitant ainsi les défauts.
Le charme, un peu plus résistant, deviendra ce compagnon dans certains cas. Certains vides créés par les dépérissements feront l’objet de plantations de nouvelles essences forestières. Ces plantations peuvent constituer une migration assistée d’essences forestières plus habituées à des épisodes de sécheresses. Dans le même temps, les techniques sylvicoles peuvent évoluer, avec une mise en lumière plus progressive, lors des renouvellements par exemple.
La gestion forestière est une question de long terme, d’où l’importance d’observations rigoureuses, de protocoles de suivi et de démarches structurées avant d’engager les décisions de gestion. Afin de renforcer ce monitoring, l’ONF cherche aussi à valoriser les informations issues de moyens de télédétection (images satellite, données LiDAR, drone). Ces nouvelles techniques peuvent aider le gestionnaire à suivre l’évolution des peuplements. C’est l’ensemble de ces réflexions que nous avons partagées avec nos confrères forestiers venus de Bourgogne et d’Ile-de-France