De l’eau à la sève
Sève brute et sève élaborée
Tous les végétaux, des petites plantes aux grands arbres, utilisent un double système de vaisseaux analogue à celui de la circulation sanguine chez l'homme.
L'eau est le composant de base de la sève et représente plus de 95% du liquide. Cette grande quantité d'eau provient du sol et transporte les éléments minéraux infimes puisés par les racines.
Devenue sève brute, cette eau est acheminée par les vaisseaux situés dans la partie vivante du bois, sous l'écorce. C'est par la différence de pression entre les cellules et par capillarité que la sève passe de l'une à l'autre et se hisse jusqu'au niveau des feuilles.
Là, les sucres produits par la photosynthèse se dissolvent dans le liquide. Ce cocktail nourricier, la sève élaborée, est alors mis à disposition des cellules par un circuit parallèle qui redescend jusqu'aux racines, car elles aussi ont besoin de se développer au même rythme que l'arbre.
La pompe à transpirer
L'arbre doit réguler sa température pour l'adapter à la saison, grâce à la transpiration qui lui permet de restituer de d'eau à l'air ambiant sous forme de vapeur.
Comme pour l'homme, cette régulation est nécessaire en particulier durant les périodes estivales. La diminution partielle de la teneur en eau de la sève brute permet aussi d'accentuer la concentration de la sève élaborée au moment de la photosynthèse.
En outre, cette transpiration joue le rôle de moteur de la pompe ascendante de la sève, en créant par déperdition de liquide une dépression en chaîne qui active la capillarité naturelle des cellules. Ce mécanisme est complexe mais son efficacité n'est pas à démontrer.
Le savez-vous ?
Les arbres sont des pompes à eau très performantes. Dans le cadre de la circulation de la sève, un chêne adulte remonte plus de 200 litres d'eau par jour et ceci à une hauteur de 30 à 40 mètres.
Autre capacité étonnante de la pompe : sa vitesse de transport, avec des pointes jusqu'à 7 mètres à l'heure.
Amortisseur de pluie
Si l'eau est essentielle pour le développement de la forêt, la forêt elle-même a une influence considérable sur le cycle de l'eau. Sur un terrain, l'eau de pluie ruisselle, s'infiltre ou s'évapore. Sur un massif forestier, les pluies suivent un parcours plus lent et plus complexe.
Une bonne part des précipitations est interceptée par le feuillage : il est facile de constater que sous un arbre on ne se fait pas mouiller, tout du moins au début ! L'eau retenue par les feuilles et les branches s'égoutte peu à peu ou glisse des branches sur le tronc. Cette retenue partielle de l'eau, amortit et régule son arrivée au sol, à la différence d'un terrain nu.
La litière des arbres complète ce rôle d'amortisseur car l'eau de pluie s'y imprègne peu à peu.
Régulation des afflux d’eau
Le manteau forestier, par sa capacité à intercepter les eaux de pluies, a un rôle fondamental dans la régulation du régime des eaux et l'approvisionnement des nappes phréatiques.
L'eau parvenue sur la litière, puis retenue par l'humus, s'infiltre donc progressivement en profondeur. Elle va alors rejoindre très lentement les nappes phréatiques, vastes réservoirs d'eau dans la roche.
Dans des zones pentues, l'eau ruisselle plus vite et alimente ruisseaux et rivières. Mais la présence de la forêt freine fortement ce ruissellement et permet de récupérer tout de même une part de l'eau.
Le savez-vous ?
Les massifs forestiers sont aussi les garants de la qualité de l'eau.
De nombreux captages de source sont situés dans les forêts publiques. Un périmètre de captage est identifié dans les documents de gestion des forêts.
Eponge géante
Le rôle de ralentisseur et de rétention de l'eau par la forêt la transforme aussi dans ce domaine en régulateur climatique naturel.
D'une part, la forêt est toujours plus humide et fraîche que dans les zones de cultures.
D'autre part, les tissus forestiers absorbent plus facilement des précipitations excédentaires pour les redistribuer ensuite de façon continue et régulière.
Les inondations sont limitées, les rivières régularisées et l'érosion des sols bien plus rares.
Le savez-vous ?
Le service de restauration des terrains de montagne
La création du service de restauration des terrains de montagne (RTM) à la fin du XIXe siècle est survenue suite à des inondations tragiques dans des vallées où les amonts forestiers avaient été déboisés suite à la pression humaine.