L'approvisionnement de la filière bois en Guyane
Une forte demande en bois de construction
La demande en bois, notamment pour la construction, est très importante en Guyane, région marquée par une forte croissance démographique. Il est donc primordial de disposer de systèmes d'exploitation permettant d'optimiser l'approvisionnement en bois des scieries pour répondre à la demande locale.
Les structures de transformation disposent de contrats pour des périodes allant de 1 à 5 ans avec des prix révisés annuellement. Ces contrats se rapprochent progressivement de la réalité économique du prix du bois matière première sur le bassin amazonien.
- la majorité des bois en Guyane est vendue aux exploitants ou scieurs sous forme de bois sur pied (arbres en place au sein d'un peuplement forestier) ;
- une partie est également vendue directement aux scieurs par l'ONF sous forme de grumes (tronc d'un arbre abattu et ébranché, recouvert ou non de son écorce) déjà exploitées et mises en bord de route. Ce sont les bois façonnés. Ce choix de vente, en régie, assez répandue en métropole, se met en place progressivement en Guyane. Il permet de constituer un stock supplémentaire de grumes, en complément de ceux des exploitants, afin de faciliter l'approvisionnement des scieries en saison des pluies, où l'activité d'exploitation est réduite.
Une exploitation spécialisée et encadrée
L'ONF alloue à l'acheteur de bois, qu'il soit exploitant ou scieur, une ou des parcelles sur lesquelles il pourra prélever un nombre défini d'arbres préalablement inventoriés et numérotés.
Les grandes étapes de préparation de l'exploitation par l'ONF :
- l'aménagement forestier avec la définition des séries d'exploitation et découpages de ces séries en unité de desserte (par voies d'accès), puis découpage en parcelle ;
- la désignation : identification et localisation des arbres à exploiter grâce à des systèmes GPS, par les ouvriers prospecteurs. Ces derniers fixent sur chaque pied sélectionné, une plaquette numérotée. Ce marquage permettra une traçabilité de l'arbre, après abattage, par les agents patrimoniaux en charge de la surveillance des coupes ;
- les travaux d'infrastructures routières : réalisation et entretien des pistes pour permettre les accès aux zones d'exploitation avec l'objectif constant de minimiser l'impact sur les milieux.
Les activités économiques sont possibles à certaines conditions
Les activités économiques (exploitation forestière, mine, carrière, tourisme...) doivent être possibles en forêt aménagée guyanaise mais ceci n'est pas sans conditions :
- respect de la réglementation en vigueur ;
- respect des prescriptions des documents d'aménagements (séries d'intérêts écologiques et séries de protection des milieux ) ;
- mise en place d'une exploitation forestière à faible impact (valable également pour la mine à travers le respect à minima de la charte élaborée par la FEDOMG) ;
- embauche des salariés qualifiés et ayant suivi des formations spécifiques ;
- promotion de tous les éléments touchant à la sécurité des personnes par l'analyse des risques, l'utilisation de matériels pourvus et d'équipements de sécurité réglementaires ;
- respect des autres usagers de la forêt ;
- veille sur les innovations technologiques et renouvellement des matériels obsolètes.
L'exploitation forestière
Les exploitations nécessitent des opérateurs, notamment bûcherons, formés aux techniques en milieu tropical, et un matériel adapté à chaque étape de l'exploitation : bulldozer puis skidder notamment.
Les réseaux de débardage pour tirer les bois hors de la parcelle jusqu'aux pistes forestières sont implantés et utilisés de façon à minimiser les impacts sur les sols et sur les cours d'eau.
Les différentes étapes de l'exploitation forestière en Guyane :
- la recherche des arbres à couper avec l'aide d'un GPS (la désignation), préalablement inventoriés et géolocalisés par l'ONF ;
- la détermination de la direction de chute de l'arbre pour minimiser l'impact et écarter le maximum de risques d'accidents ;
- l'abattage de l'arbre à l'aide d'une tronçonneuse. La partie exploitée de l'arbre est appelée grume ;
- le débusquage : transfert des grumes par un engin à chenilles, généralement un bull, équipé d'un treuil et d'un câble, entre le point d'abattage et la piste de débardage. La grume, attachée à un câble, est tractée sur quelques dizaines de mètres au milieu du peuplement jusqu'à la piste de débardage. L'utilisation du câble synthétique est maintenant préconisée par l'ONF, pour optimiser le débusquage, permettant notamment de minimiser l'impact sur le peuplement forestier restant sur pied et d'améliorer les rendements machines ;
- le débardage : transport par traînage des bois par un engin à pneux, appelé skidder (générant moins d'impact sur la piste que les engins à chenilles), vers le parc à grumes, zone de stockage des grumes accessible aux camions grumiers en saison sèche. La piste empruntée par le skidder est appelée piste de débardage et n'est pas accessible aux camions grumiers. Cette opération de débardage n'est autorisée, exclusivement, qu'en saison sèche ;
- le stockage temporaire - parc à grumes : proche de la parcelle, cette zone permet de stocker les grumes fraîchement sortie de la zone d'abattage, en saison sèche. Cette zone, à proximité de la piste forestière est accessible aux camions grumiers en saison sèches mais plus difficile d'accès en saison des pluies ;
- le stockage - parc de rupture : l'ensemble des grumes, réparties sur l'ensemble des parcs à grumes, est rassemblé avant la saison des pluies dans le parc de rupture, à proximité d'une route goudronnée, accessible toute l'année. Ce parc de stockage représente une réserve de bois pour la saison des pluies, période pendant laquelle l'activité d'exploitation est nécessairement réduite et la circulation sur les pistes rendue difficile voire impossible ;
- transport des grumes vers les scieries : les camions grumiers transportent les grumes du point de stockage jusqu'à la scierie.
La ressource est ainsi mise à disposition pour répondre à la demande de la filière, tout en garantissant une durabilité de ces modalités d'exploitation et une bonne prise en compte des enjeux environnementaux.
Ces différentes opérations sont réalisées par les exploitants forestiers et sont suivies par l'ONF.
- l'ONF travaille depuis plusieurs années à la mise en œuvre d'une exploitation à faible impact (EFI) garant de la pérennité des peuplements forestiers et des principes de gestion durable assignés aux massifs forestiers. Une charte d'exploitation a été signée par la profession en ce sens. L'objectif est, grâce à un accompagnement constant de l'ONF, de rendre l'EFI obligatoire à très court terme au sein du Domaine forestier permanent ;
- ce travail, couplé à la mise en place de formations aux pratiques d'exploitation à faible impact, a permis d'initier la mutation de l'exploitation forestière en Guyane. Le métier d'exploitant forestier a connu une évolution rapide ces dernières années en Guyane, du fait de l'utilisation d'outils informatiques, de techniques élaborées et d'un haut niveau de professionnalisation atteint par certains exploitants (utilisation systématique du GPS, informatique embarqué dans les engins, optimisation cartographique, développement d'un savoir-faire dans le débusquage au câble synthétique long...).
Ces évolutions vont de pair avec une meilleure maîtrise des impacts environnementaux et une démarche volontariste de la filière forêt-bois pour aboutir au label PEFC de certification de la gestion forestière durable, obtenu en novembre 2012.