Ressources génétiques forestières, l’avenir de la forêt française

Le réchauffement climatique impacte fortement la survie des arbres, mais aussi leur capacité à produire des graines. Face à cette problématique d’avenir, l’ONF agit grâce à sa filière Graines et plants, avec un mot d’ordre : anticiper pour préparer l’avenir.

Les nombreux dépérissements des peuplements forestiers influent négativement sur les fructifications des arbres et donc sur leur régénération naturelle. Bien que cette dernière soit au cœur de la stratégie de l’ONF, il faut parfois recourir à des plantations. Les forestiers portent donc une attention toute particulière au matériel forestier de reproduction ; en d’autres termes, aux graines des arbres qui représentent l’avenir de la forêt française. Soutenu par l’État depuis 2012, l’ONF s’est vu confier une mission d’intérêt général Ressources génétiques forestières, attestant de l’utilité publique d’étudier ces ressources afin d’adapter au mieux les forêts au changement climatique. En 2023, une nouvelle impulsion a été donnée à la filière Graines et plants grâce à la signature de plusieurs conventions entre l’État et l’ONF.

Trois nouveaux vergers à graines seront ainsi créés par l'ONF en vue du reboisement forestier, sur des espèces présentant une bonne résistance écologique : le chêne rouge, le douglas californien et le pin maritime.

L'ONF a également été missionné par l'État pour la mise en place d'un conservatoire des ressources génétiques forestières méridionales. Cette mission permettra l’inventaire et la caractérisation d’essences méridionales qui ne bénéficient pas encore d’un programme de conservation spécifique, bien que déjà connues pour leur résilience. Parmi elles, le pin pignon. « Ces essences forestières méridionales sont aujourd’hui menacées de disparition localement en raison des sécheresses successives. Avec ce projet essentiel, l'ONF pourra les identifier afin d'assurer leur sauvegarde », précise Brigitte Musch, coordonnatrice nationale Ressources génétiques forestières à l’ONF.

L’ONF devra aussi surveiller l’état sanitaire et la régénération de certains peuplements (chêne sessile, sapin pectiné, pin sylvestre, hêtre…), directement dans leur habitat naturel (en forêt donc), avec pour finalité leur conservation. Cette stratégie, déjà mise en place par l’établissement, est renforcée par la signature de ces conventions. Le comité scientifique de l’ONF, réuni au cours de l’année 2023, a placé lui aussi la question des ressources génétiques forestières au cœur de ses discussions.

Nous allons vers de grands changements climatiques qui touchent déjà les forêts françaises. Il faut donc rester dans l’action et tout faire pour avoir une forêt plus résiliente. L’ONF y contribue largement et notamment en se positionnant à tous les niveaux de la chaîne : depuis la recherche sur les ressources génétiques forestières, en passant par les pépinières, jusqu’aux plantations.

Hervé Jactel, président du comité scientifique et directeur de recherche à INRAE

Bilan des récoltes 2023

2023 a été une bonne année surtout pour les essences résineuses et les feuillus utilisés comme essences d’accompagnement (charme, alisier, érable). Néanmoins, on observe une faible fructification des chênes sessiles et pédonculés, assortie d’une qualité médiocre. De mémoire de forestier, ce n’était pas arrivé depuis les années 2010. Pour la filière, cela signifie que les pépinières pourraient ainsi connaître une véritable pénurie de plants forestiers de chênes dans les années à venir.

Le dispositif de l’ONF sur la filière Graines et plants

Différents lots de cônes en cours de séchage (sécherie de la Joux - Jura)
Différents lots de cônes en cours de séchage (sécherie de la Joux - Jura) - ©Nathalie Petrel / ONF

L'ONF gère pour l’État dix-huit vergers à graines en France. Ces parcelles sont très surveillées. Lorsqu’il y a reboisement, 25 % des plants sont issus de ces vergers. Pour les 75 % restants, les plants sont issus de graines ramassées dans près de 1 400 peuplements classés. La majorité de ces peuplements (feuillus et résineux confondus), qui couvrent 62 000 hectares, sont situés en forêt publique.

Située dans le Jura, la sècherie de la Joux de l’ONF (l'un des deux principaux fournisseurs français de semences forestières), intervient ensuite pour traiter les fruits et les cônes, en extraire les graines et les conserver dans des conditions optimales avant de les acheminer vers des pépinières de production. En 2023, l’État a continué d’apporter son soutien à cet acteur clé de la filière en finançant un plan de modernisation de la sècherie.

L’ONF dispose aussi de trois pépinières expérimentales, investies notamment dans la conservation du matériel forestier de reproduction et d’une pépinière de production, celle des Essarts (Seine-Maritime), qui produit en particulier les chênes qui formeront la forêt de demain.