Réserve biologique mixte d'Hostens et des lagunes du Gât mort

La réserve biologique d'Hostens et des lagunes du Gât mort fait partie d'une forêt qui est propriété du Département de la Gironde et a été classée par celui-ci en Espace naturel sensible (ENS). 

Hostens se trouve à une quarantaine de kilomètres au sud de Bordeaux, sur le territoire du PNR des Landes de Gascogne. Le domaine départemental est bien connu comme espace d’activités de plein air qui se concentrent à l’ouest du site, autour du lac de Lamothe. L'ensemble du domaine est classé ENS mais ce secteur ouest, à vocation récréative très prononcée, n'est pas intégré à la réserve biologique (dont il est séparé par la RD 651).

La réserve intègre les parties de l’ENS les plus riches par leur patrimoine naturel :

• à l’est de la route départementale, le secteur du lac de Bousquey concentre de nombreuses espèces de flore et de faune protégées. Il reste aussi un lieu de prédilection pour la pêche à la carpe et la randonnée ;
• au nord-est d’Hostens, le réseau des lagunes du Gât mort présente une richesse biologique remarquable, notamment par sa richesse en odonates. C'est le secteur qui a bénéficié le plus tôt d'une gestion conservatoire spécifique ;
• entre ces deux entités, l’ancienne propriété Hazera (landes, chênaies…) assure une continuité écologique importante. Elle offre notamment des potentialités pour la restauration de landes et le développement de l’écopastoralisme, afin de développer la continuité de milieux ouverts entre les deux autres secteurs.

La réserve biologique est de type mixte, avec :

• une partie majoritaire classée en réserve dirigée (RBD), pour la gestion conservatoire de milieux ouverts de landes humides et de lagunes ;
• une petite partie de réserve intégrale (RBI), consacrée à la libre évolution de peuplements forestiers majoritairement feuillus.

La réserve est concernée par pas moins de 3 ZNIEFF de type 1 dénommées "Domaine départemental d'Hostens", "Marais du Cla et lagunes de Louchats et de Saint-Magne", "Tête de bassin versant et réseau hydrographique du Gat Mort". Au titre du réseau Natura 2000, elle est concernée par les deux ZSC "Domaine départemental d'Hostens" et "Lagunes de Saint-Magne et Louchats", dont l'animateur est le PNR. S'y ajoutent une réserve de chasse et de faune sauvage et une réserve de pêche. 

La réserve biologique d'Hostens et des lagunes du Gât mort est le produit d'un historique particulier à plusieurs titres.

Il s'agit d'une ancien site d'extraction à ciel ouvert de lignite, exploitée de 1933 à 1963. Avec l'abandon de l'activité, les grandes fosses d'extraction se sont remplies d'eau et ont formé des lacs.

En 1967, le site est acquis par le Département de la Gironde pour en faire un espace de loisirs. Il sera plus tard renommé Domaine départemental Gérard Lagors, du nom d'un ancien conseiller général.

En 1973, la propriété est soumise au Régime forestier, elle devient ainsi la forêt départementale d'Hostens et sa gestion est confiée à l'ONF.

De 1991 à 2011, le domaine d'Hostens, qui est devenu Espace naturel sensible d'Hostens et des lagunes du Gât Mort, est étendu par acquisitions successives dans le cadre de la politique d'ENS du Département : secteur du Gât Mort entre 1991 et 1995 (premier à bénéficier d'un plan de gestion spécifique en tant qu'ENS en 2003), puis ancienne propriété Hazera en 2011 (l'ensemble de l'ENS recevant un nouveau plan de gestion en 2016).

La création de la réserve biologique d’Hostens et des lagunes du Gât Mort procède d’une volonté commune du Département de la Gironde et de l’ONF d’accentuer et de compléter par une protection réglementaire pérenne les efforts de gestion déjà entrepris pour la préservation et la mise en valeur de la biodiversité sur l'ENS.

A la fin du Pliocène (il y a environ 3 millions d’années), une forêt tropicale s’étendait sur le site d’Hostens, sous un climat chaud et humide. Le refroidissement du début de l’ère quaternaire entraîne un changement brutal de la végétation. Les arbres meurent et tombent, la nécromasse accumulée est recouverte par des couches d’argile et de sable. A l’abri de l’air, cette matière organique mélangée aux argiles ne se décompose pas mais évolue lentement et se transforme en lignite, à quelques mètres sous le niveau actuel du sol. L'horizon de lignite, avant d'être exploité, a été présent sur la plus grande partie du Domaine départemental d'origine, et sur une partie des plus récentes acquisitions Hazera (au niveau du lieu-dit "La Tuilerie").

Lors de la dernière glaciation du Würm, des sables éoliens (dits sables des Landes) viennent recouvrir l’ensemble du plateau landais sur une épaisseur plus ou moins importante. Dans la réserve, ces sables sont essentiellement présents sur les sites du Gât mort et d'Hazera.

L’ancienne exploitation de lignite du domaine d’Hostens a entrainé un bouleversement des couches géologiques et la présence de sols inhabituellement rajeunis sur les zones perturbées.

Quels que soient les matériaux parentaux (sable, argile…), tous les sols sont acides. Sur matériaux parentaux filtrants, pauvres en argiles et en bases, le processus pédogénétique est la podzolisation : du fait de la faible activité biologique, l'humus se décompose mal et est épais ; depuis les horizons supérieurs, appauvris, les argiles, le fer et les acides organiques sont entraînés séparément jusque dans des horizons d'accumulation.

L'autre facteur prépondérant de la pédogenèse est l'engorgement, temporaire ou permanent, qui affecte une partie des sols.

Ainsi, les principaux types de sols rencontrés sur le site sont des podzols et des sols tourbeux ou paratourbeux (riches en matière organique et pauvres en éléments nutritifs).

L'intérêt patrimonial des habitats naturels de la réserve biologique d'Hostens et des lagunes du Gât mort est lié à la présence d'un échantillon riche et représentatif de la mosaïque de milieux plus ou moins humides de la région naturelle des Landes de Gascogne : milieux lacustres avec leur végétation aquatique ou amphibie, landes humides, prairies à Molinie, roselières, tourbières (même si celles-ci sont de surface très réduite), forêts résineuses, feuillues ou mixtes : pineraies de Pin maritime, chênaies à Chêne pédonculé ou Chêne tauzin, aulnaies marécageuses.

Toutefois, c'est dans les milieux ouverts que réside l'intérêt principal du site. Les lagunes (du gascon lagua, qui désigne un petit plan d’eau dans les lieux marécageux) sont de petites dépressions plus ou moins circulaires (de quelques mètres à moins de 200 m de diamètre) alimentées par la nappe phréatique. Leur eau est acide, oligotrophe, a une faible teneur en oxygène et subit d’importantes variations de température et de niveau, conditions particulières auxquelles la végétation est adaptée. A l’échelle départementale voire régionale, il faut aussi souligner la rareté des tourbières.

Au total, la réserve héberge 10 types d'habitats d'intérêt communautaire, dont 3 prioritaires (*), auxquels s'ajoutent les aulnaies et saulaies marécageuses (non IC mais également patrimoniales) :

• Herbiers amphibies des bords de lagunes et lacs (CB : 22.31 - N2000 : 3110)  
• Herbiers à grandes utriculaires (22.1 x 22.41 - 3150)
• Lande hygrophile à Bruyère à quatre angles (31.12 - 4020*)
• Lande subsèche (31.23 - 4030)
• Prairie à Molinie (37.31 - 6410)
• Tourbières hautes actives à Sphaignes (51.11 - 7110*)
• Groupement pionniers des sols tourbeux (54.6 - 7150)
• Roselière à Marisque (53.3 - 7210*)
• Boisement acidiphile mésohygrophile à Bouleau pubescent et Molinie (41.5 - 9190*)
• Boisements acidiphile xérophile à Chêne tauzin et Pin maritime (41.5 x 41.65 - 9230).

L’intérêt botanique de la réserve est très élevé. 8 espèces sont protégées au niveau national : Boulette d'eau, Caropsis de Thore (DH2 et 4), Lycopode inondé, Rossolis à feuilles rondes, Rossolis intermédiaire, Spiranthe d'été (DH4), Trompette de Méduse, Utriculaire jaunâtre. 6 autres espèces sont protégées au niveau régional : Centenille naine, Épipactis des marais, Lotier grêle, Narthécie des marais, Utriculaire citrine, Violette des marais.

Ces espèces sont toutes associées aux milieux ouverts de tourbières, landes, marais, prairies humides ou milieux aquatiques. Pour certaines (Spiranthe d’été, Narthécie des marais…), pas plus de 3 à 5 stations subsistent au niveau départemental. 

Le cortège faunistique de la réserve est typique des landes de Gascogne et de leurs milieux humides. 

L’originalité principale du site réside dans la présence de pièces d’eau de taille variable, sur près de 20% de la surface, avec des lacs et surtout des lagunes, qui ont permis la conservation d’un cortège d’odonates exceptionnel au plan régional. Fait notable, les trois espèces de leucorrhines d’Aquitaine sont présentes : L. à gros thorax (DH2 et 4, PN), L. à front blanc et L. à large queue (DH4, PN). A signaler également la Cordulie à corps fin (DH2 et 4, PN). Le plan régional d'actions (PRA) en faveur des odonates souligne l’enjeu majeur des sites à lagunes pour la conservation de ces espèces.

Une soixantaine d'espèces de papillons de jour ont été identifiées, dont le Fadet des Laîches et le Damier de la Succise (DH2 et 4, PN).

9 espèces de reptiles et 12 espèces d’amphibiens sont présentes, dont la Cistude d’Europe (DH2 et 4, PN), le Crapaud calamite, la Rainette ibérique et le Triton marbré (DH4, PN).

Grâce à la diversité des habitats favorables, l'avifaune est très riche, avec pas moins de 15 espèces de l'annexe 1 de la directive Oiseaux nicheuses ou potentielles : Oiseaux d'eau (Aigrette garzette, Grande aigrette, Héron pourpré, Martin pêcheur), oiseaux des landes (Alouette lulu, Fauvette pitchou, Engoulevent d'Europe), rapaces (Bondrée apivore, Busard des roseaux, Circaète Jean-le-Blanc, Milan noir), et Pic noir grâce aux boisements.

Parmi les mammifères, 6 espèces de chiroptères dont la Barbastelle d'Europe, le Grand Rhinolophe, le Murin à oreilles échancrées (DH2 et 4, PN), ainsi que la Loutre (DH2 et 4, PN) grâce aux milieux aquatiques.

Malgré sa jeunesse, la réserve biologique d'Hostens et des lagunes du Gât mort bénéficie déjà depuis de nombreuses années d’une gestion dédiée à la conservation et la mise en valeur de la biodiversité, grâce à l’investissement conjoint du Conseil départemental et de l'ONF : mise en défend de milieux sensibles, débardage par câble, équipements d'accueil du public, études... Les partenariats avec d'autres acteurs sont également bien établis : PNR des Landes de Gascogne, Conservatoire botanique sud atlantique, associations naturalistes...

L’incendie survenu en 2022 a bouleversé le programme de travaux prévu dans la RBD par le premier plan de gestion qui venait d'être réalisé, mais par chance, les zones majoritairement impactées étaient des pinèdes qu’il était envisagé d'exploiter pour restaurer des landes. Une partie des zones humides a été impactée mais la végétation montre de bons signes de résilience. Ainsi, les objectifs de gestion restent inchangés : pour la RBD, principalement la restauration et conservation de milieux ouverts et des espèces remarquables qu'ils hébergent (flore, odonates, oiseaux...) ; pour la RBI, la libre évolution de la forêt, le développement de sa naturalité et des cortèges d'espèces associés. 

Pour la RBD, les actions de gestion comprennent principalement : la régulation des niveaux de nappe pour les lacs, lagunes et autres milieux humides ; la restauration et l'entretien de landes et prairies humides (abattage d'arbres, gyrobroyage, projet d'entretien écopastoral).

Pour la RBI, les interventions sont limitées à la sécurisation des abords de certains chemins.

Pour l'ensemble de la réserve, l'acquisition de connaissances représente une part importante du plan de gestion, dans la continuité des nombreuses études déjà réalisées.

L'accueil et la sensibilisation du public revêtent une grande importance sur ce site fréquenté et dans la continuité des actions réalisées dans le cadre de l'ENS. L'accès à la réserve est libre mais les activités sont encadrées pour la préservation du milieu, la tranquillité de la faune (et celle du public) : circulation de piétons, vélos et chevaux autorisée uniquement sur les itinéraires balisés dédiés (la réserve est traversée par le GR®6), obligation de tenir les chiens en laisse, cueillette interdite... Les feux sont interdits comme dans toute la forêt. Un sentier de découverte et un observatoire ornithologique ont été aménagés au marais du Cla. Des visites guidées sont organisées par le Département. 

La défense contre les incendies reste une composante incontournable de la gestion de la réserve. La régulation des ongulés par la chasse également, en l'absence de prédateurs naturels, la chasse au petit gibier étant en revanche prohibée.