Les boucles de la Seine – ©Manon Genin / ONF

La Londe-Rouvray, une forêt périurbaine riche en histoire et en biodiversité

Partez à la découverte de la forêt domaniale de la Londe-Rouvray (Seine-Maritime) aux côtés d'Eric Ségura, forestier à l'ONF. Là-bas, voyagez dans le temps et promenez-vous sur les anciens sites Gallo-Romains. Accueil du public, préservation de la biodiversité et production de bois s'accordent et laissent place à un espace forestier remarquable.
©ONF

Le jour se lève en forêt domaniale de la Londe-Rouvray. La chaleur des rayons fait apparaître une légère brume entourant les jeunes pousses. La température est fraîche, mais le temps est superbe à l’aube du printemps. Quelques coureurs et cyclistes se croisent au rond-point de Montmorency. Ils s’engouffrent sur la route forestière du fond de l’Essart ou sur les chemins de la forêt départementale du Madrillet, longeant la Londe-Rouvray. Autour des promeneurs, de jeunes peuplements de chênes sessiles, chênes rouges et châtaigniers se mêlent aux pins sylvestres et aux bouleaux.

Difficile d’imaginer cet espace sans forêt. Pourtant, il y a cinquante ans, de nombreux incendies ont ravagé des centaines d’hectares, la présence de fougères, de genêts et des sols pauvres étant propices aux départs de feux. Pour donner un second souffle au massif, un reboisement de grande envergure a été mis en place dans les années 1970 pour restaurer plus de 830 hectares de forêts. À ce jour, il s’agit d'une des plus grandes zones de reboisement en France en forêt publique.

Forêt domaniale de la Londe-Rouvray. - ©Manon Genin / ONF

L'influence de la métropole de Rouen

Aux portes de Rouen, la forêt de la Londe-Rouvray offre aux citadins un espace de verdure bordée par la Seine. Plus urbanisée, la partie Est dispose d'infrastructures dédiées à l’accueil du public (tables de pique-nique par exemple). Pour un dépaysement plus total, il faut s’aventurer sur le côté Ouest. Là-bas, les paysages changent en quelques pas. Des peuplements de chênes majestueux jouxtent des douglas parfaitement acclimatés.

"Les sols sont difficiles dans cette forêt. À certains endroits, les roches calcaires mènent la vie dure à certaines essences", confie Eric Segura, responsable de l’unité territoriale. Cela ne fait que quatre ans que le forestier s’est installé en Normandie, mais son attachement à cette forêt et à cette région est déjà total. Un sentiment partagé par de nombreux Rouennais aimant venir s'y ressourcer.

Le saviez-vous ?

A l’origine, les massifs de la Londe et de Rouvray étaient distincts. Ces forêts périurbaines présentent de grands enjeux en matière d’accueil du public, de préservation de la biodiversité, mais aussi de production de bois. En 1987, pour mutualiser et harmoniser les actions forestières dans ces parcelles, l’ONF a fusionné les forêts de la Londe et de Rouvray pour offrir l’espace vert que l’on connaît aujourd’hui.

Découvrez l'interview d'Eric Segura, responsable d'unité territoriale de la forêt domaniale de la Londe-Rouvray, pour Sud Radio

Des vestiges gallo-romains

De part et d’autre des chemins forestiers, les promeneurs traversent les siècles. Près des sentiers troglodytes, où les marcheurs déambulent aux pieds des falaises calcaires sur un chemin marqué d’une balise de Saint-Jacques de Compostelle, une machine à remonter le temps se dévoile : le fanum.

Cet ancien temple gallo-romain a conservé ses fondations et les promeneurs peuvent aisément imaginer son architecture. Sur l’autel, les tuiles de l’édifice sont encore présentes. Dans ce lieu vieux de plus de 2 000 ans, des fouilles archéologiques sont régulièrement organisées. Pour certains historiens, ce lieu aurait abrité les premiers habitants de Rouen. 

Dans les environs du fanum, les férus d’histoires de l’Âge de fer peuvent aussi découvrir un site exceptionnel, l’oppidum d’Orival. Ancien lieu de regroupement, il regorge de richesses historiques. Tout comme pour le fanum, les archéologues tentent encore aujourd’hui de découvrir ses mystères.

Tous ces sites historiques donnent aux forestiers de nouveaux enjeux de gestion. Dans ces zones, l’exploitation forestière est très raisonnée et certains lieux sont classés comme "zone de non-exploitation" pour préserver les racines de Rouen. La qualité de cette gestion est une des raisons qui ont valu aux trois forêts qui entourent Rouen – La Londe-Rouvray, la forêt Verte et Roumare, l’obtention du label Forêt d’Exception®.

Sentier menant au fanum. - ©Manon Genin / ONF

La biodiversité en éveil

Non loin de là, caché par les chênes, un espace forestier clôturé attire l'attention. Le panneau jouxtant son entrée indique : "Réserve biologique dirigée des falaises d'Orival". Un statut signalant un espace à la fois remarquable et nécessitant une gestion conservatoire spécifique. L'entretien de ce milieu ouvert de pelouses posé sur une roche calcaire est primordial et évite sa fermeture et sa régression du fait du développement naturel de la végétation.

En ce mois de mars, quelques arbres fleuris (cornouiller mâle) ici et là donnent un peu d’ombre à de jeunes pousses. "Au printemps de nombreuses orchidées protégées vont fleurir dans ce milieu ouvert et attireront différentes espèces de papillons protégées", affirme Eric. Créé en 1988, cet espace d’à peine un hectare, a d’abord été entretenu de manière mécanique. Pour une meilleure préservation de son écosystème, un système de gestion en pâturage est aujourd’hui préféré. C’est ainsi que chaque année, pendant un mois, un berger y amène son troupeau pour débroussailler la parcelle le plus naturellement possible. 

En images, la Réserve biologique dirigée des coteaux d'Orival...

À l’extrême Ouest de la forêt de la Londe-Rouvray, la nature reprend aussi ses droits dans d’anciennes carrières d’argile. Fermées en 1961, elles étaient utilisées pour extraire de l’argile noire riche et pure transformée ensuite en céramique ou en faïence. Prisée des plus grandes faïenceries françaises comme celle de Choisy-le-Roi, cette argile se retrouve dans les anciens carreaux blancs des métros parisiens. Aujourd’hui, les carrières se sont transformées et les étangs de la Terre à pot sont le trésor caché des habitants.

Cet écrin de forêt offre un cadre agréable et un peu de fraîcheur lors des grandes chaleurs estivales. Laissé tel quel pour observer la biodiversité s’y développer, l’endroit s’apparente à une réserve biologique. "C’est très beau et très sauvage ici. Pour le moment l’ONF a décidé de laisser faire la nature, on verra plus tard", explique Eric.

Qu’il s’agisse d’arpenter vaillamment les nombreux dénivelés, d’admirer les vestiges historiques ou simplement de s’offrir un bol d’air pur, la forêt de la Londe-Rouvray est un joyau rouennais qui fait le bonheur de tous ses riverains. Comme dans toutes les forêts publiques gérées par l'ONF, la production de bois, la préservation de la biodiversité et des espaces naturels remarquables et l'accueil du public s’accordent harmonieusement tout en veillant au bien-être du site, qui le leur rend bien.

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