Combien de cervidés prélever dans les forêts normandes ?
Assurer nos besoins en bois et autres ressources forestières tout en garantissant la pérennité de la forêt pour les générations futures, c’est le cœur de la gestion durable mise en place par l’ONF. Il est essentiel de préserver le cycle forestier en veillant au renouvellement de la forêt arrivée à maturité.
La forêt constitue un écosystème riche en interactions, tant entre les espèces qu'avec leurs habitats. Parmi ces interactions, celle entre les cervidés et les arbres est particulièrement significative. Ces animaux se nourrissent des bourgeons des jeunes arbres et peuvent les endommager en se frottant contre eux, fragilisant ainsi les jeunes plants. Lorsque la population de cervidés devient trop nombreuse, la pression sur le milieu, notamment sur les arbres, augmente, menaçant le renouvellement de l'écosystème. Il est donc crucial de maintenir un équilibre entre ces deux éléments.
Bien qu'une mécanique naturelle d'autorégulation puisse exister, sa lenteur, surtout en l'absence de prédateurs, peut compromettre la santé de la forêt. Il incombe donc aux forestiers de surveiller et de maintenir cet équilibre.
Tour d'horizon des bio-incateurs de suivi de la grande faune
Des indicateurs de suivis
Pour évaluer les populations animales et la pression sur les forêts, l’ONF utilise depuis plus de 20 ans divers protocoles d'inventaire, élaborés avec l’IRSTEA et l’OFB. Trois types d'indicateurs biologiques sont mesurés en forêts domaniales :
1. Indice d’abondance : mesure l'indice nocturne (IN) pour le cerf et l'indice kilométrique (IK) pour le chevreuil, basés sur le nombre de contacts visuels lors de parcours annuels.
2. Indice de pression sur la flore : l'indice de consommation (IC) évalue la végétation consommée par les chevreuils et cerfs, mesurée sur des placettes de 1 m² dans chaque forêt.
3. Indice de performance : calculé pendant la saison de chasse, il repose sur des mesures biométriques des animaux (longueur des pattes, poids des jeunes), indiquant la santé des populations en lien avec les ressources environnementales.
Ces indicateurs, bien que ne fournissant pas un décompte précis, permettent de suivre l'évolution des populations et la pression exercée sur les forêts, collectés chaque année depuis plus de 20 ans pour certains massifs.
Les bio-indicateurs grande faune en Normandie
C'est le nombre de circuits parcourus chaque année, pour mesurer l'abondance relative des populations de cerfs.
C'est le nombre de circuits établis sur la quasi totalité des forêts domaniales, pour une longueur totale de 982 km.
C'est le nombre de kilomètres total parcouru sur les 194 cirutits IK, chaque année, pour mesurer l'abondance relative des populations de chevreuils.
C'est le nombre de placettes d'un mètre carré, analysées chaque année et suivies dans le temps pour mesurer l'abroutissement de la végétation et donc le niveau des populations de cervidés.
Définir le niveau des prélèvements d’animaux
Définir le niveau de prélèvements d'animaux implique de suivre l'évolution de la forêt et de déterminer, en fonction de sa surface en renouvellement, les quantités à prélever selon le type, le sexe et l'âge des animaux. Ces recommandations sont formulées lors des réunions de la CDCFS (Commission départementale de la chasse et de la faune sauvage), sous l'égide des DDT(M) (Direction départementale des territoires (et de la mer)).
Un plan de chasse est ensuite proposé, analysé et validé par la commission, fixant des minima et maxima de prélèvements. Ce plan est soumis au public avant d'être officialisé par un arrêté préfectoral (généralement en mai) et transmis aux locataires de chasse pour la saison suivante.