Forêt d'Exception® : dans la vie d'une cheffe de projet et d'un forestier
Le journal de bord de Marlène Treca
Le site du Val Suzon est un véritable écrin forestier. Il marque sa singularité par l’imbrication forte des différents statuts qui caractérisent sa forêt et la protègent : labellisé Forêt d’Exception®, le Val Suzon est également un site classé et une Réserve naturelle régionale qui intègre en partie une zone Natura 2000 et des zones de protection de captages d’eau.
Le label Forêt d’Exception® permet de fédérer l’ensemble des acteurs du site autour d’un projet commun. Ainsi, le plan de gestion de la Réserve naturelle régionale est le contrat de projet de la Forêt d’Exception
Œuvrer sur un site exceptionnel et protégé comme le Val Suzon implique que nous soyons, plus que jamais, exemplaires en matière de gestion forestière.
L'une des vocations des Forêts d’Exception® est d’être un laboratoire d’innovation. Par exemple, à ce titre et afin de mieux connaitre la richesse du site, un relevé LiDAR a été réalisé dans le cadre d’un partenariat pour servir une thèse géo-archéologique : sur la base des relevés topographiques et d’informations d’archives, des garennes à lapins datant du Moyen Âge ont ainsi été découvertes sur la vallée.
Le statut de Réserve Naturelle Régionale met un accent fort sur les enjeux de biodiversité, à la hauteur du caractère remarquable du site sur cet aspect. Ainsi, le plan de gestion 2020–2029 vise à améliorer l’état de conservation des milieux qui font la richesse du Val. Par exemple, les forêts de versants et de combes sont laissées en libre évolution pour améliorer leur naturalité.
Mais ce qui fait également la singularité du site et qui lui vaut son statut de forêt d’exception, c’est également la prise en compte à niveau égal d’autres enjeux comme le paysage, l’accueil du public, la préservation du patrimoine archéologique. La gestion multifonctionnelle s’exprime plus que pleinement dans le Val Suzon !
Sur l’enjeu Paysage, par exemple, un ingénieur paysagiste de l’ONF a travaillé sur la résorption d’un point noir : une emprise de ligne électrique coupant un versant forestier. L’option retenue a été de faire évoluer la lisière pour la rendre visuellement plus souple avec un double objectif écologique et paysager.
La mission du chef de projet est un reflet de la richesse du site. Au quotidien, les thématiques abordées et les activités sont extrêmement variées. Les contacts humains sont également au cœur du métier, multiples et diversifiés. C’est une mission prenante, passionnante et qui a un sens profond.
Le journal de bord de Fabrice Tattu
Dans la forêt du Val Suzon, les jours se suivent… et ne se ressemblent pas ! Après avoir passé une journée en compagnie d’un scientifique pour suivre les abeilles, j’accueille le public et leur fais découvrir les richesses de cette belle forêt domaniale, avant d’achever ma semaine aux côtés des gendarmes, en mission de surveillance. Je m’emploie également à mettre en place des partenariats afin de créer une synergie importante entre les différents acteurs forestiers investis dans la gestion de cette réserve naturelle régionale (naturalistes, scientifiques, collectivités, associations…).
Une Forêt d’Exception® n’est pas tout à fait régie comme une forêt classique, d’autant plus lorsqu’elle se situe dans une Réserve naturelle régionale. Ce statut particulier lui confère une réglementation plus stricte que pour d’autres forêts domaniales ; les missions de surveillances sont, de fait, plus importantes.
Une Forêt d’Exception® n’est pas tout à fait régie comme une forêt classique, d’autant plus lorsqu’elle se situe dans une Réserve naturelle régionale. Ce statut particulier lui confère une réglementation plus stricte que pour d’autres forêts domaniales ; les missions de surveillances sont, de fait, plus importantes.
En 2020, le confinement m’a apporté beaucoup de "surprises" sur le terrain. La forêt et ses locataires en ont profité pour reprendre leurs droits avec une rapidité étonnante : sur un chemin d’ordinaire très fréquenté, j’ai eu le plaisir de croiser des chevreuils et même un renard (animal qui fuit particulièrement l’humain) se prélassant aux abords du sentier. Je ne pensais pas que la réappropriation des espaces par les animaux serait aussi rapide.
Des éco-compteurs, disposés dans la forêt et au niveau des parkings, nous ont également permis de constater que beaucoup de monde continuait à se promener en forêt, malgré les interdictions gouvernementales. Comme je disposais d’une autorisation de déplacement pour effectuer des missions de surveillance, de contrôle ou d’expertise, j’ai eu l’occasion de faire quelques "rappels à la loi" et beaucoup de pédagogie.
Il y a eu des surprises préjudiciables pour la forêt, comme la constatation de balisages sauvages ou de dépôts d’ordures à l’entrée de chaque forêt (tontes de gazon, branches, cendres de barbecue…). Les gens, pensant que la nature avait été désertée, en ont profité pour pratiquer tout type d’incivilités.