La forêt de Mimizan, un voyage au cœur du pays landais
A mi-chemin entre Bayonne et Bordeaux, la forêt domaniale de Mimizan s’étend en bordure littorale Atlantique sur un peu plus de 3 500 hectares. Sa situation et ses paysages lui valent d’être très prisée des touristes tout au long de l’année.
Le bleu de l’océan, se mêlant au jaune ocre de la dune et au vert des pins maritimes, offre aux visiteurs un panorama d’une grande beauté. Pour préserver ce paysage fragile, les forestiers de l’Office national des forêts (ONF) entretiennent quotidiennement le cordon dunaire, constamment en mouvement du fait des courants venteux et des mouvements de l’océan.
Gérald Andrieu, forestier à l’Unité territoriale ONF de Mimizan-Labouheyre, sillonne le massif de Mimizan depuis deux ans et connaît bien les secrets de ses chemins. "La dune est un élément essentiel à Mimizan qui permet de protéger la forêt derrière", témoigne-t-il avant de poursuivre : "On fait régulièrement des reprofilages, et pour la stabiliser, on réalise également des couvertures en genêts ou en pins qui captent le sable lors des gros coups de vent."
En plus de cette couverture, des espèces végétales participent à la stabilisation des dunes telles que le Gourbet et l’Agropyrum. Pour préserver cet habitat fragile, il est recommandé aux promeneurs de ne pas marcher sur la dune en dehors des sentiers balisés.
Une forêt de loisirs pour petits et grands
Pour que les visiteurs puissent profiter des différents atouts de la forêt de Mimizan, plusieurs aménagements ont été réalisés entre massif et océan dans le cadre du Plan Plage. Mené en partenariat par l’ONF et la Communauté de communes il a, par exemple, permis de créer le site touristique de Lespécier. Cet espace familial avec places pour voitures et camping-cars et des tables de pique-nique, permet d’accéder aisément à la plage ou à la piste cyclable de la Vélodyssée.
Une convention avec la communauté de communes permet également l’entretien de toutes les installations sur la dune (dessablage des escaliers, et des caillebotis par exemple) et permet aux promeneurs de profiter de la vue sur l’océan bordant la forêt de pins en toute sérénité.
La Vélodyssée
Pour les amateurs de randonnées à vélo, il est possible de rejoindre la célèbre Vélodyssée depuis Mimizan. Le parcours sillonne la forêt sur quelques kilomètres entre vues sur l’Atlantique et passages abrités sous la pinède landaise.
La Vélodyssée est la partie française de l’EuroVélo1 reliant la Norvège au Portugal en passant par la Grande-Bretagne, la France et l’Espagne. Sur notre territoire, elle traverse la Bretagne et longe l’Atlantique jusqu’à la Côte basque sur 1 250 kilomètres. Créée en 2012, elle est aujourd’hui considérée comme l’une des plus belles pistes cyclables du monde.
Le sentier de découverte de la Maillouèyre
C'est parti pour une balade à vélo sur la piste de la Vélodyssée ? Vous arriverez sûrement sur le site de "Leslurges". Ici, l’aspect de certains pins écorcés avec des pots suspendus aux troncs pourrait vous étonner. Rassurez-vous ce n’est pas du vandalisme, il s’agit d’une aire de démonstration de gemmage.
Cette technique, datant de l’époque Gallo-romaine, visait à récolter la résine d’un pin. Pour ce faire, une entaille est réalisée dans le tronc pour faire couler la matière. A l’origine, elle servait à fabriquer des torches ou des bougies. Au fil du temps la résine a été distillée pour obtenir de l’essence de térébenthine, utilisée dans les peintures, les vernis, la colophane… De mars à septembre, il est possible d’assister à une démonstration de gemmage tous les jeudis à 10 heures. Ainsi, cette tradition landaise, aujourd’hui pratiquée de manière moins invasive, est perpétuée.
A quelques pas du site de gemmage, une partie de l’ancienne maison forestière a été rénovée pour accueillir une salle d’exposition pour petits et grands. Sur les panneaux, des activités ludiques permettent de comprendre comment la zone Natura 2000, jouxtant l’aire de gemmage, est préservée et comment s’organise la sylviculture du pin maritime dans les Landes.
Le poumon vert de Mimizan
"Depuis le site de Leslurge, on peut commencer une belle balade en famille ou entre amis sur le sentier de la Maillouèye au cœur de la réserve biologique dirigée de 117 hectares et de la zone Natura 2000", annonce Sébastien Maïtia, forestier et naturaliste à l'ONF. Créé en 2009 avec l’aide d’un mécénat avec Ushuaia, ce milieu protégé a été aménagé pour que les visiteurs puissent profiter de la biodiversité ambiante. L’objectif ici est de maintenir des zones humides en arrière-dune et profitant à toute la vie inféodée à ce milieu, faune comme flore.
Le chemin sillonnant à travers la forêt dépeint différents tableaux d’une grande beauté, allant de la lande sèche à la forêt ombragée, plus rafraîchissante. Avec un peu de chance, et de patience, il est possible d’apercevoir un grand lézard ocellé (reconnaissable à ses petites taches bleues sur le flanc), un Circaète Jean-le-Blanc (rapace chassant les reptiles) ou quelques serpents se camouflant dans les bruyères cendrées, les arbousiers ou les cistes à feuilles de sauge. Promeneurs, pour préserver cet environnement, veillez à rester sur les chemins balisés et à tenir les chiens en laisse.
Sur le sentier de la Maillouèyre avec les forestiers de l’ONF
"La Maillouèyre a été créée de façon que le site soit le plus naturel possible. Raison pour laquelle, des bois morts et broussailles sont conservés au sol", explique Sébastien Maïtia. Tous les 15 jours pendant la haute saison d'été, des visites guidées sont proposées par les forestiers de l’ONF. Deux sont ciblées pour les adultes et familles sous forme de visite commentée sur le cordon dunaire et deux autres sont à destination des enfants avec des jeux de l’oie et des chasses au trésor. Ces visites sont à réserver auprès de l’Office de tourisme de Mimizan.
Le long du sentier de près de quatre kilomètres de long, il est possible de s’arrêter à différents points d’observation. Au bout du chemin de la Maillouèyre sur le sentier en caillebotis surplombant la dune, un belvédère offre une vue à 360 degrés sur le littoral et le massif de Mimizan.
D’ici il est possible d’apercevoir le petit étang de Mimizan et son observatoire à oiseaux. Espace de calme et de quiétude, de nombreuses espèces comme l’Echasse blanche, la Foulque macroule ou encore le Canard colvert viennent nicher ou se rafraîchir lors des grandes chaleurs.
Emprunter le sentier de la Maillouèyre permet aussi de voir une technique forestière unique aux paysages landais, mise en place en 1900 : la forêt de protection. Laissée en libre évolution et située juste derrière le cordon dunaire, elle a pour mission de protéger la forêt de production, quelques mètres plus loin dans les terres, des aléas climatiques de l’océan. Un tableau original où troncs écorcés par le vent et le sable se mêlent à de la végétation dense à leurs pieds : Bruyère cendrée, arbousier, genêts à balais et autres ajoncs…
Produire les ressources de la forêt landaise de demain
En longeant la forêt de Mimizan, sur la route de Lespecier il peut sembler étrange de voir toute une parcelle clôturée. "Sur plus de 83 hectares, plusieurs parcelles sont aujourd’hui consacrées à notre verger à graines de pins maritimes", explique Gérald Andrieu avant de poursuivre "Il a été créé en 1986 et a pour but de produire des graines, qui après un passage par la sécherie de la Joux pour être nettoyées, triées, analysées puis conditionnées, fourniront les pépinières de Naudet et du Plan landais pour devenir ensuite de jeunes plants qui reboiseront le plateau landais."
Aujourd’hui, 30 hectares du verger sont consacrés à la quatrième génération de pins. Au fur et à mesure, les arbres sont sélectionnés en fonction de leur forme et de leur vigueur pour obtenir, à terme, des essences les plus droites possibles et à la croissance rapide.
Ce projet d’envergure - récolter des graines pour pouvoir créer des plants - est mené en partenariat avec l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (INRAE). Le verger est clôturé sur son ensemble pour éviter aux chevreuils et autres animaux sauvages d’y pénétrer et de se nourrir des jeunes plants dont ils sont friands. Grâce à ce travail sur plusieurs générations, les forestiers de l’ONF nous offrent la forêt que l’on connaît aujourd’hui et dans laquelle il est si agréable de se promener.
En chiffres, la forêt de Mimizan
de bois exploités par an pour alimenter la filière bois locale
de parcours équestre
de piste cyclable à travers le massif
de réserves biologiques dirigées
océanique, avec des hivers doux et pluvieux et des étés chauds et secs
Informations pratiques
- Accès : la ville de Mimizan est entourée par la forêt domaniale avec des accès aux plages au nord et au sud. Egalement une route forestière ouverte à la circulation permet de traverser la forêt du nord au sud.
- Activités : cheval, surf, disc-golf, balades en forêt.