Un sentier en forêt de Tronçais pour traverser la Futaie Colbert II
Le sentier de la Futaie Colbert II vient d'être inauguré en forêt de Tronçais par l'ONF et ses partenaires. Sur une boucle d'un kilomètre, sept ateliers pédagogiques racontent l'histoire de cette illustre forêt, à l'ombre des chênes séculaires.
Un sentier en forêt de Tronçais pour traverser la Futaie Colbert II
Mercredi 10 juillet, forêt domaniale de Tronçais. En début d'après-midi à Saint-Bonnet-Tronçais (Allier), une cinquantaine de personnes s’apprête à pénétrer dans une véritable « cathédrale de verdure », comme aiment l'appeler les forestiers, tonneliers et vignerons. Labellisée Forêt d'Exception® en 2017, le massif est reconnu pour la grande qualité de ses chênes à grain fin, appréciée dans le monde entier pour la fabrication de barriques de vin.
En compagnie des deux mécènes de l'opération - la tonnellerie Tarransaud et le Château Pichon Baron - l'ONF et la communauté de communes du pays de Tronçais ont inauguré un nouveau sentier pédagogique : la Futaie Colbert II. Cette démarche multi-partenariale intervient après la fermeture de la Futaie Colbert, première du nom, devenue réserve biologique intégrale et fermée au public pour des questions de sécurité. Un nouveau pôle d'accueil du public devait donc être créé pour accueillir les milliers de personnes qui viennent visiter l'une des plus belles chênaies d'Europe, dont les arbres ont la hauteur de bâtiments de 15 étages.
Découverte et apprentissage
Sept ateliers pédagogiques subliment le lien qui unit la sylviculture au bois.
Ces arbres qui ont poussé patiemment fourniront un matériau essentiel pour l'homme. Mais pas de panique, le forestier fera toujours en sorte que la relève soit là avant de couper ces géants.
Le chêne de Tronçais est le résultat d'une alchimie entre une alchimie forestière, majoritairement le chêne sessile, un terroir et un soir-faire. Des valeurs communes avec l'art de la tonnellerie et la viticulture.
De gauche à droite, Yves Ducos, directeur territorial Centre-Ouest Aquitaine de l'ONF ; Jean-René Matignon, directeur technique du Château Pichon Baron ; Marc Duseaux, directeur général de la tonnellerie Taransaud ; Henri de Pracomtal, président de la tonnellerie Taransaud ; Marie-Thérèse Delaunay, sous-prefète de Montluçon et Alain Gaubert, vice président de la communauté de communes du pays de Tronçais.
Après la symbolique cérémonie du coupé de ruban, usagers, associatifs, mécènes et forestiers progressent vers le sentier, qui propose sept ateliers pédagogiques qui subliment le lien qui unit la sylviculture au bois. « Quand on regarde cette futaie, on n'imagine pas le travail patient du forestier pour que ces arbres donnent le meilleur d'eux-mêmes. Il a fallu 200 ans pour créer ce paysage. À l'origine, cette parcelle est issue de semis et de plantation qui datent de 1808 », commente Loïc Nicolas, responsable de l'unité territoriale de Tronçais, le temps d'une courte halte.
Le premier atelier propose de découvrir les éléments géologiques qui composent le sol de la futaie. Une seconde étape retrace l'histoire de la Futaie Colbert II (13 hectares), qui rend hommage à 200 ans de sylviculture. « Depuis des générations, les forestiers de l'ONF imitent la nature et hâtent son œuvre. Nous nous appuyons sur les dynamiques naturelles pour bâtir ces arbres cathédrales », poursuit le forestier. Des silhouettes humaines sillonnent aussi le parcours pour illustrer ce travail fondamental de protection, de sélection et de choix d'arbres de qualité.
La sylviculture de la chênaie en futaie régulière est un savoir-faire unique des forestiers, qui mériterait d'être inscrit au patrimoine immatériel français. Ce savoir-faire nécessite une continuité de gestion sur plusieurs siècles. En cela, il me semble exceptionnel.
Yves Ducos,
directeur de l'ONF en Centre-Ouest-Aquitaine
La rencontre entre deux terroirs exceptionnels
Les chênes élancés, à l'écorce fine et sans défaut qui se dressent face aux visiteurs donnent du caractère au sentier. Ce sont ces arbres que les tonneliers vont choisir pour l'élevage des grands crus et spiritueux. Une qualité de renommée mondiale, vitrine de l'excellence de la sylviculture à la française, qui contribue au rayonnement de la forêt de Tronçais. La tonnellerie Taransaud, représentée lors de l'inauguration, a d'ailleurs participé à l'un des ateliers du parcours dédié à la fabrication des barriques de vin. La maison Château Pichon Baron, célèbre domaine bordelais, a quant à elle tenue à expliquer au public l'importance des chênes à grain fin de la forêt de Tronçais pour la maturation qualitative du vin.
La Tonnellerie Tarransaud, implantée à Cognac et à Beaune, a choisi de s'approvisionner exclusivement en chêne français pour la fabrication de ses barriques et de ses cuves, destinées aux meilleurs vins et spiritueux à travers le monde. Notre ancrage à Tronçais est réel : nous employons 32 personnes dans notre atelier de fente de Cérilly. A travers ce sentier, le public pourra découvrir que le rôle économique de la forêt peut être en harmonie avec son rôle écologique et sociétal.
Henri de Pracomtal,
président de la tonnellerie Tarransaud
C'est au pied du chêne « François Péron », célèbre naturaliste du 19e siècle, que s'achève le parcours. Âgé de 210 ans, pour 42 mètres de hauteur, ses dimensions attirent l'oeil du public. Des arbres remarquables comme celui-ci, la forêt de Tronçais en possède près de quarante. « C'est impressionnant », commente instinctivement l'un des visiteurs, lisant attentivement l'écriteau d'information installé face à lui.
Une forêt historique
Cette déambulation à travers la Futaie Colbert II a aussi été l’occasion de célébrer les 350 ans de l'ordonnance "sur le fait des Eaux et Forêts" (1669), édictée par Louis XIV suite aux travaux préparatoires de son ministre des finances Colbert et des commissaires réformateurs pour restaurer les hautes futaies et protéger la ressource en bois.