La réserve biologique en Savoie : la Belle Plinier
D’une surface de 128 hectares, la réserve biologique intégrale (RBI) de La Belle Plinier se situe sur la commune de Modane en Savoie. Elle fait partie intégrante de la forêt domaniale RTM de la Belle Plinier. Les terrains de la forêt domaniale de La Belle Plinier ont été acquis par l’Etat au titre de la restauration des terrains en montagne (RTM). Elle a fait l’objet de reboisements et de travaux de génie civil (construction de barrages, seuils, digues, drains) entre 1917 et 1975 afin de lutter contre les crues torrentielles et les glissements de terrains.
Un plan de gestion a été réalisé pour la première fois dans cette forêt en 1975, pour une période de 20 ans (1975-1994). Elle a été affectée principalement à la protection des sols, des voies de communications et des habitations et secondairement à l’accueil du public et à la chasse. La conservation des peuplements de pin cembro et de mélèze et le suivi de leur évolution dans le temps sont plus précisément visés. Elle a été créée par arrêté interministériel le 20 décembre 2021.
Les habitats naturels
La réserve de La Belle Plinier a une grande diversité d’habitats naturels. Onze habitats ont ainsi été cartographiés, représentant tous les types physionomiques : forêts, fourrés, landes, pelouses, prairies et falaises.
5 habitats sont d’intérêt communautaire à l’échelle de l’Europe :
- cembraies-mélézins,
- pessières subalpines,
- landes à rhododendron ferrugineux,
- prairies de fauche de montagne
- et végétation des falaises continentales siliceuses.
Les cembraies-mélézins sciaphiles d’ubac à myrtille et rhododendron ferrugineux constituent l'habitat forestier le plus largement répandu sur le site avec 30 hectares de recouvrement. Le site représente un lieu privilégié des études, importantes pour la connaissance fondamentale des écosystèmes.
Faune et flore
La diversité des habitats naturels rencontrés sur le site offre une multitude de niches écologiques. Cette capacité d’accueil importante se traduit par l’installation d’une faune (oiseaux, coléoptères xylophages, saproxylophages ou vivant au sol) variée. La présence de bois morts et d’arbres sénescents ou dépérissant n’est pas étrangère à cette diversité et constitue un atout pour le développement de nombreuses espèces. Dans la réserve, 104 espèces animales sont recensées : 10 mammifères, 44 oiseaux et 50 espèces de coléoptères.
Parmi ces espèces, 6 sont inscrites à l’annexe I de la directive "Oiseaux" 2009/147/CE du parlement européen et du conseil de l’union européenne du 30 novembre 2009 concernant la conservation des oiseaux sauvages : l’aigle royal, la chouette chevêchette, la chouette de Tengmalm, le crave à bec rouge, le lagopède alpin et le tétras-lyre.
La flore inventoriée présente 89 espèces végétales comprenant 4 bryophytes, 5 ptéridophytes, 5 gymnospermes, 19 angiospermes monocotylédones et 56 angiospermes dicotylédones, réparties dans 39 familles.
Stratégie nationale de création d'aires protégées
La stratégie nationale de création d'aires protégées (SNAP) a pour objet la concrétisation de la disposition du Grenelle de l'environnement relative au classement de 10 % du territoire terrestre métropolitain sous forme d'espaces protégés réglementaires.
Les réserves biologiques font partie des statuts visés par cet objectif, aux côtés des cœurs de parcs nationaux, des réserves naturelles et des arrêtés préfectoraux de protection de biotopes (APPB). La RBI contribue à la SNAP par les protections suivantes :
- types d’habitats : cembraies-mélézins sciaphiles d’ubac à myrtille et rhododendron ferrugineux, landes à rhododendron ferrugineux et prairies de fauche de montagne
- types d’espèces : crave à bec rouge, tétras lyre et nyctale de Tengmalm, chouette de Tengmalm
Accueil du public
L’accueil du public ne doit pas être favorisé dans les réserves biologiques intégrales (construction de nouvelles routes ou sentiers interdite...). Toutefois, ces réserves, abritant de "vieilles" forêts, témoins vivants et majestueux du passé, appartiennent à notre patrimoine culturel et ont un rôle pédagogique et démonstratif important, tant pour le grand public que pour les élèves et les étudiants. Cet objectif reste néanmoins secondaire et ne doit pas nuire à l’objectif de conservation majeur des RBI. L’activité de randonnée (pédestre et VVT) est essentiellement pratiquée sur les sentiers balisés existants (sentier des Gardes).