Soyez vigilants face aux dangers des chenilles processionnaires du chêne et du pin

Du printemps jusqu'au début de l'été, c'est la période des chenilles processionnaires du chêne et du pin. En forêt, leurs poils urticants peuvent être dangereux pour la santé des Hommes et des animaux, les chiens notamment. Que faire face aux nids et aux piqûres ? Des traitements existent-ils ? L’Office national des forêts (ONF) vous appelle surtout à la prudence partout en France.

Quelle est la saison des chenilles processionnaires ?

Les chenilles processionnaires sont les larves d'un papillon de nuit. Leurs noms latins ? Thaumetopoea processionea, côté chêne, et Thaumetopoea pityocampa, côté pin. Du printemps jusqu'au début de l'été, les chenilles processionnaires reviennent.

La chenille processionnaire du chêne est présente depuis la fin du XVIIIe siècle de l’ouest de l’Europe à la Turquie. En France, elle se manifeste presque partout. Les chênes des forêts et des parcs et la chaleur des villes favorisent aussi sa pullulation. Pondus en fin d'été, les œufs éclosent généralement en avril. Vivant en colonies, le jour, les chenilles séjournent dans des nids soyeux qui grossissent avec l'âge et le nombre des chenilles. Ces nids sont plaqués sur le tronc ou sous les branches des chênes. Elles sortent en fin de journée, en procession, pour se nourrir des feuilles du chêne.

Les chenilles processionnaires du pin construisent des nids en forme de fuseaux blancs. Dès le mois de mars, les chenilles qui ont hiberné dans les nids descendent de l'arbre en procession pour s'enfuir dans le sol en attendant de se transformer en papillon. 

Chenilles processionnaires du chêne sur un tronc. - ©ONF / Hubert Schmuck

Le saviez-vous ?

Depuis le 25 avril 2022, les chenilles processionnaires du pin et du chêne sont désormais considérées comme des "animaux nuisibles" pour la santé. Plus d'informations dans ce décret paru au Journal Officiel.

 

Quels sont les dangers ?

Affiche de prévention ONF. - ©Renaud Trangosi /ONF

Des chenilles de nos régions, c’est la plus urticante. La protéine en cause est localisée dans des poils microscopiques qui apparaissent au 3e stade larvaire (fin avril, début mai). Ces poils restent urticants jusqu’à 2 à 3 ans après leur apparition qu’ils soient dans le nid, déposés par les mues ou qu’ils aient été "lâchés" par la chenille qui se sent agressée ou qui a été écrasée.

La processionnaire du chêne ne se déplace au sol qu’accidentellement puisqu'elle s’alimente et se nymphose (transformation de larve en chenille) sur l’arbre. Par comparaison, on peut trouver la chenille de la processionnaire du pin au sol, qui, elle au contraire, descend en procession en mars pour se nymphoser dans le sol.

Les allergies peuvent être très fortes. Chez les animaux, en cas d’ingestion, la langue peut se nécroser, les empêchant de s’alimenter. Sur l’Homme, la réaction peut être violemment allergique. Le contact génère des troubles parfois graves (choc anaphylactique, œdèmes, irritations, démangeaisons) dans les cas les plus fréquents, voire des réactions plus importantes chez les personnes sensibles, nécessitant un recours médical.

La vigilance doit être de mise en évitant tout contact direct avec les chenilles, leur nid et les zones potentiellement infestées !

 

©ONF

Quelques recommandations de prévention

En forêts ou en zones boisées urbaines :

  • Porter des vêtements couvrants ; 
  • Eviter les arbres porteurs de nids ;
  • Eloigner les enfants et les animaux de compagnie ;
  • Ne jamais toucher les chenilles vivantes ou mortes, les nids récents ou vieux ;
  • Eviter de se frotter les yeux en cas d’exposition ;
  • Par grand vent ne pas faire sécher son linge à l’extérieur près des arbres atteints.

Au retour de forêt :

  • En cas de doute, prendre une douche tiède et changer de vêtements ;
  • Si des problèmes subsistent, consulter un médecin traitant. Si des réactions sont visibles sur un animal de compagnie, consulter rapidement un vétérinaire.

Des chenilles processionnaires du chêne en images...

Quels dégâts pour les arbres ?

Une fois la processionnaire installée, elle va se nourrir la nuit des feuilles des chênes et les premiers signes sur l’arbre seront visibles : parties desséchées, pertes de feuillage qui augmentent avec l’appétit des chenilles...

Si l’arbre ne meurt pas - sauf dans le cas d’infestation extrême -, il est affaibli. La perte de feuillage (ou défoliation) diminue la capacité de photosynthèse, ce qui entraîne le ralentissement de la croissance. Il devient ainsi plus sensible aux maladies et aux autres ravageurs.

Comment lutter ?

En forêt domaniale, l’ONF n’applique pas de traitement insecticide qui pourrait s’avérer dangereux pour d’autres espèces. La diversification des essences forestières ralentit la progression de la chenille processionnaire. Les travaux en forêt peuvent être reportés en cas de pullulation pour protéger les personnels. Les promeneurs sont invités à éviter les zones où la pullulation est importante. Particuliers, pour lutter contre les chenilles dans vos bois ou jardins, consultez des professionnels agréés.

Les forestiers travaillent également main dans la main avec les chercheurs pour trouver des solutions face à cette pullulation. Parmi les actions concrètes mises en place avec nos partenaires :

  • Financement et cofinancement de thèses. Par exemple, sur l'impact de la diversification des essences sur les populations de chenilles (INRAE Bordeaux).
  • Sensibilisation et publication de guides informatifs, comme ci-dessous.
  • Leurres testés sur des arbres isolés (parcs, jardins…), consistant à piéger les chenilles processionnaires du pin dans des gouttières menant à des sacs de terre lors de la procession vers le sol pour y effectuer leur nymphose.
  • Expérimentation de phéromones pour attirer les chenilles mâles lors de l’accouplement. A ce jour, les résultats affichent un meilleur potentiel pour les processionnaires du pin et plus d’effets sur les arbres isolés (parcs, cours d’école…) que dans les milieux forestiers. Découvrez plus d’explications ici.

Une alliée précieuse : la mésange

Mésange charbonnière - ©ONF

Sédentaire sur notre territoire, la mésange charbonnière est la "mangeuse de chenilles processionnaires" par excellence, avec une consommation familiale de 500 chenilles par jour. Poser des nichoirs à mésanges près des zones infestées, ou préventivement dans votre jardin, peut s’avérer efficace. Le nichoir, avec une ouverture de 32 millimètres, doit être installé entre 2,5 à 3,5 mètres de hauteur sur le tronc et doit être exposé au sud-est à l'abri des vents dominants. Les chauves-souris, les araignées, certains coléoptères comme les calosomes, le coucou gris sont aussi consommateurs des papillons ou des chenilles des processionnaires.

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