2019 : les forêts françaises à l'épreuve de la sécheresse
« Les dégâts liés à la sécheresse sur la forêt française sont de bien plus grande ampleur que ce qui était attendu », déclare Morgane Goudet, chargée de mission au Département de la santé des forêts (ministère de l'Agriculture et de l'Alimentation). Depuis plusieurs semaines, l’état sanitaire des forêts françaises se dégrade et un phénomène de mortalité de plusieurs essences s’accentue dans des proportions jamais connues. En 2019, la situation pourrait concerner 20% de la récolte en forêt publique. En effet, sur les 12 millions de m3 de récolte annuelle, les forestiers attendent au moins 2 millions de m3 de bois récoltés en raison de la sécheresse.
Si le phénomène est global puisqu'il s'étend sur l’ensemble du territoire métropolitain, les mortalités se concentrent sur le Grand Est, la Bourgogne-Franche-Comté, le nord des Alpes, la Normandie et la Picardie. Epicéas, sapins pectinés, hêtres... Les arbres sont en état de stress hydrique. Autrement dit, ils souffrent d’une pénurie d’eau. En cause : une année 2018 marquée par une sécheresse exceptionnelle et particulièrement longue qui s’est étendue de juin à octobre. Cette sécheresse critique a été aggravée par des températures anormalement élevées. D’après Météo France, l'année 2018 a été la plus chaude depuis 1900.
Face à l’ampleur inédite de cette situation, les forestiers de l'ONF se mobilisent. Premier objectif : récolter les bois pour assurer la sécurité du public. Des arbres laissés morts sur pied peuvent représenter un danger, à la fois en cas de chute de branche, mais aussi parce que le bois sec brûle facilement. Autre enjeu essentiel : la commercialisation des bois. "La coupe des arbres touchés par la sécheresse est rendue nécessaire car elle favorise le renouvellement de la forêt. Il faut agir vite pour que les arbres ne perdent pas de leur valeur", explique Aymeric Albert, directeur commercial bois à l'ONF.
Adapter la gestion au changement climatique
Les forestiers savent qu’avec l’accélération du changement climatique et les épisodes de sécheresse de plus en plus rapprochés (2015, 2017 et 2018), les prochaines années seront difficiles. À l'ONF, l'adaptation de la gestion forestière à ces enjeux est au coeur des préoccupations. "Les importants dépérissements forestiers constatés ces derniers mois nous alertent sur la nécessité de concevoir rapidement l'adaptation de nos forêts à ces bouleversements climatiques", assure Patrick Falcone, adjoint au directeur général de l'ONF. Projet Giono, placettes expérimentales dans le Grand Est, tests de nouvelles provenances d'essences... Partout en France, les équipes de recherche de l'ONF réunies au sein du département Recherche, développement et innovation travaillent sur ce sujet pour accompagner les gestionnaires forestiers vers la sylviculture de demain.