Un automne en forêt avec l'ONF

De génération en génération, les forestiers de l'Office national des forêts (ONF) mènent une sylviculture adaptée à chaque forêt publique en prenant en compte le rythme des saisons. En automne, c'est la saison de la récolte des graines, du martelage des arbres, des plantations, des ventes de bois et de la chasse. Partez à la découverte de ces actions essentielles à la gestion et à la préservation des forêts.

L'automne est l'une des saisons chéries par les amoureux des forêts. Les massifs prennent leurs manteaux dorés, rouges, orangés et jaunes. Les feuilles tombent et craquent sous les pieds. C'est la saison des champignons, à ramasser avec modération : n'oubliez pas les bonnes pratiques en forêt publique ! On entend le brame du cerf au loin. Il fait encore bon, suffisamment pour profiter pleinement des bienfaits des espaces naturels. Avec les forestiers de l'ONF, explorez sous toutes ses facettes une saison bien particulière ! 

©Manon Genin / ONF
©Nathalie Petrel / ONF

À la récolte des graines

Les faînes du hêtre, les glands du chêne, la samare de l'érable... A l'automne, les graines des arbres sont mûres. C'est à cette période que l'ONF organise leur ramassage. Mais cela ne se fait pas n'importe où. Les fruits des arbres sont récoltés dans des forêts reconnues pour la qualité et la diversité de leurs peuplements ou dans des vergers spécialement conçus pour la production. Leur provenance est aussi renseignée. Une traçabilité très importante pour ne pas, par exemple, planter une essence d'origine inconnue dans un contexte forestier qui ne lui sera pas adapté. Cet enjeu est encore plus important aujourd'hui dans le cadre du réchauffement climatique.

©ONF / 16 Prod

Après le ramassage, direction la sécherie ONF de la Joux (Franche-Comté) créée en 1950. Les graines y sont séchées, traitées et conservées en chambres froides.  Elles seront ensuite déstockées à la demande de la pépinière ONF de l’Essart ou de pépiniéristes indépendants . Les graines seront semées en pépinière et donneront de jeunes arbres prêts à être replantés en forêt . Cette récolte automnale est un indispensable de la gestion forestière. Elle est l'assurance d'une forêt diversifiée et renouvelée, là où la régénération naturelle ne réussit  pas ou n’est pas souhaitée.

Le saviez-vous ?

©Nathalie Petrel / ONF

La récolte ne se passe pas uniquement au sol...

L'Office national des forêts (ONF) fait aussi appel à des équipes de grimpeurs pour aller chercher les cônes des résineux directement dans les arbres.

Ici, en photo, un grimpeur cueilleur, aussi appelé "écureuil", récolte les cônes de la forêt des cèdres du Petit Lubéron (Vaucluse).

 

©Giada Connestari / ONF

Le martelage, une affaire de choix

Compas, marteaux, bombes de peinture, outils de saisie de données... Avez-vous déjà vu des forestiers équipés de la sorte au cours de vos balades en forêt ? C'est tout à fait normal ! A l'automne, ils réalisent les premières opérations de martelage.

Cette action de gestion forestière consiste à désigner les arbres à récolter dans le respect de l'aménagement forestier (le document de gestion durable des forêts qui prévoit sur 20 ans la sylviculture dans une forêt). Il s'agit d'un travail indispensable pour répondre aux besoins de la société, pour alimenter la filière bois et pour assurer le renouvellement des forêts françaises.

Comment s'organise un martelage ? Alignés et espacés les uns des autres de plusieurs mètres, les forestiers progressent dans la parcelle forestière de façon très organisée et analysent les arbres. Leur objectif : marquer, au marteau ou à la bombe de peinture rouge, les arbres qui seront prochainement récoltés pour alimenter la filière bois. La première marque est faite sur le tronc, tandis que l'autre s'effectue au niveau de la souche. Une technique utilisée afin de s'assurer, après la récolte, que seuls les arbres identifiés ont bien été prélevés par les bûcherons.

©Frédéric Glon / ONF

Chaque martelage est le fruit d'une mûre réflexion de la part du forestier. Lorsque les arbres poussent à proximité les uns des autres, le forestier va évaluer l'état de chacun, ses défauts et son potentiel, afin de récolter le moins résistant au profit du plus résistant. Les plus beaux arbres bénéficieront ainsi de plus de lumière et d'espace pour se déployer pleinement.

→A lire aussi : "pourquoi certains arbres sont marqués en forêt ?"

Les équipes de l'ONF, lors des opérations de martelage, désignent aussi des arbres à conserver pour leur haute valeur biologique. Il s'agit le plus souvent d'arbres résistants au réchauffement climatique ou bénéfiques à la biodiversité forestière. Dépérissants, secs, creux, avec des nids... ils peuvent par exemple accueillir une faune et une flore particulières.

Le saviez-vous ?

Le martelage répond à un code couleur particulier. Si un arbre est marqué à la peinture rouge, c'est qu'il doit être coupé, tandis que la peinture chamois indique les arbres "bio", qu'il faut conserver.

©Jean-Marc Pechart / ONF

Planter la forêt de demain

Vers la fin de l'automne revient le temps des plantations. Les forestiers s'en occupent généralement vers la fin du mois de novembre. Mais, pourquoi planter ? La forêt ne se régénère-t-elle pas seule après tout ? La réponse est : oui, la forêt se renouvelle naturellement, mais à 75%, pas à 100% ! En cause : un sol envahi par la végétation (ronce, fougère…), sur lequel les graines n'arrivent pas à s’installer, le gibier, qui mange les graines ou les jeune semis, ou encore, parce que la forêt n'arrive plus à faire face au changement climatique. 

Partout en France, les forêts souffrent (scolytes, dépérissements, encre du châtaignier, stress hydrique…). Les forestiers doivent, plus qu'auparavant, planter des essences résistantes à la hausse des températures et aux sécheresses, notamment grâce aux expérimentations réalisées via les îlots d'avenir. Les plantations sont donc une solution efficace pour pallier les difficultés du renouvellement de la forêt.

Quelques chiffres à avoir en tête sur ces quinze dernières années : en forêt domaniale, en moyenne, 3 millions de plants par an ont été installés. Dans toutes les forêts publiques (appartenant aux collectivités territoriales et à l’Etat), ce chiffre atteint les 6,3 millions de plants par an, dont 50% en feuillus, 20% en pin maritime (à la suite de la tempête Klaus) et 30% en autres résineux.

Plantation de chênes. - ©ONF

Planter est une action plus compliquée qu’il n’y paraît ! Ces plantations requièrent un véritable savoir-faire de la part des forestiers. Avant toute chose, il faut sélectionner les essences qui correspondent au sol et au climat dans lequel on veut planter.

Vient ensuite le travail de la terre : préparer les lignes de plantation et "décompacter" le sol pour que les racines des futurs plants puissent pousser plus facilement. Les forestiers enlèvent aussi à l’endroit où le plant sera installé, à l'aide d'un râteau scarificateur par exemple, les fougères, graminées, ronces et autres herbes pour limiter la concurrence végétale.

Le saviez-vous ? Il existe 2 grands types de plantations...

©Istock
  • les plantations "en plein" : quand la régénération naturelle de la forêt ne fonctionne pas. Les plantations en plein sont donc effectuées pour assurer, malgré tout, le renouvellement de la forêt ;
  • les plantations "en enrichissement" : la forêt se renouvelle naturellement mais peut-être manque-t-elle un peu de diversité. Ainsi, les forestiers introduisent de nouvelles essences, via des semis, pour apporter à la parcelle forestière en renouvellement davantage de diversité. De quoi lui permettre de mieux résister au changement climatique par exemple.

Les ventes de bois

Scieurs, mérandiers, tonneliers... Les ventes de bois sont réservées aux professionnels de la filière, qui achètent des bois "sur pied" ou "façonnés". Deux termes, pas forcément familiers !

  • la vente "sur pied" signifie que les bois n'ont pas encore été exploités. C'est à l'acheteur potentiel de se déplacer en forêt, d'examiner la qualité des arbres avant l'achat et de récolter son lot après achat ;
  • la vente de bois "façonnés" désigne des arbres qui ont déjà été exploités par les équipes de l'ONF. Les bois ont été triés et stockés en bord de routes forestières ou sur des places de dépôt dédiées. Les acheteurs potentiels n'ont plus qu'à examiner la qualité des bois avant la vente et à les récupérer après l'achat.

Vient ensuite le temps de la vente. Lorsque tous les lots de bois sur pied ou façonnés ont été examinés, la vente peut avoir lieu. Plusieurs modes de vente existent :

  • la vente par soumission est gérée par l'ONF. Catalogue des ventes en main, les acheteurs font une proposition d'achat, de façon informatisée sur les lots qui les intéressent. L'acheteur faisant la meilleure offre, remporte le lot. Ces ventes sont depuis 2020 toutes disponibles en ligne. Une vingtaine de ventes gardent parallèlement la possibilité de réunir les acheteurs qui le souhaitent au sein d'une même salle ;
  • la vente de bois peut aussi se faire sous la forme d'un contrat de "gré à gré". C'est-à-dire de vendeur à acheteur. Il s'agit soit d'une transaction immédiate, soit d'un partenariat à plus long terme dans le cadre des contrats d'approvisionnements. Ces derniers sont appréciés des industriels du bois, qui peuvent ainsi bénéficier d'un approvisionnement de qualité, régulier et à un prix préétabli.

Le saviez-vous ? Un dispositif de vente en ligne...

Depuis janvier 2020, l'ONF a officiellement lancé son dispositif de vente en ligne de bois, après deux ans de travail et de concertation avec la Fédération nationale des communes forestières (FNCOFOR) et la Fédération nationale du bois (FNB). Une modernisation nécessaire à l’heure du digital, qui permet désormais à l’ensemble des clients de prendre connaissance à tout moment, grâce à une simple connexion, de l’offre bois sur l’ensemble du territoire et de participer aux ventes. Un avantage considérable qui a évité et évite de nombreux déplacements, notamment durant la pandémie de coronavirus.

La chasse et le maintien de l'équilibre forêt-ongulés

Chaque année, les chasseurs arpentent les forêts domaniales gérées par l'ONF. Ensemble, chasseurs et forestiers tentent de parvenir à ce qu'on appelle l'équilibre forêt-ongulés ou l'équilibre sylvo-cynégétique. Il s'agit de veiller à ce que les populations de cerfs, biches, chevreuils et autres sangliers restent maitrisées afin d'éviter qu'elles ne mangent toutes les jeunes pousses d'arbres et ne mettent en danger le renouvellement de la forêt. Pour atteindre cet équilibre, les chasses organisées dans les forêts de l'ONF répondent à une réglementation stricte.

La chasse est aussi un acte de gestion forestière. Dans la région Grand Est, par exemple, la forte concentration de cervidés menace la phase de régénération des forêts. Sur le terrain, cela se traduit par une réduction, voir disparition, de certaines espèces végétales – graines et jeunes pousses d’arbres – consommées par ces grands animaux. Les forestiers parlent notamment de l’abroutissement par le cerf et le chevreuil. C’est-à-dire que l’animal consomme les bourgeons, les feuilles, les aiguilles ou les jeunes pousses des arbres à portée de dents.

©ONF

D'autres dégâts sont également constatés. Par exemple, au printemps, les cerfs et les chevreuils mâles frottent leur bois sur les troncs pour les débarrasser du velours qui les recouvrent une fois leur croissance achevée (frottis). Cette action, si elle est répétée de trop nombreuses fois, finit par abimer les arbres. C’est pour cette raison que vous pourrez apercevoir lors de vos balades en forêts certains arbres protégés par un grillage ! 

→ A lire aussi : "Cerfs, sangliers… Trop de grand gibier nuit aux forêts"

Une situation difficile à percevoir pour le grand public, mais qui inquiète de plus en plus les forestiers. En effet, dans ces forêts où le renouvellement des espèces forestières ne se fait plus, c’est bien la gestion durable de la forêt qui est compromise. En 2022, sur plus de 50% de la surface des forêts domaniales, il est constaté que le renouvellement de la forêt n'est pas jugé satisfaisant.

Le saviez-vous ? La chasse s'organise de deux façons en forêt publique...

  • En baux de chasse

Le chasseur qui bénéficie d’un bail devient locataire d’un lot de chasse en forêt domaniale, souvent pour une durée de 12 ans. En échange, il doit respecter les consignes de l’ONF en ne chassant que les espèces autorisées, dans les limites autorisées. Pour contrôler le respect de ces consignes, chaque animal tué est muni d’un bracelet unique permettant de l’identifier. Le non-respect de ces consignes donne lieu à une verbalisation.

 

  • En licence

La licence de chasse répond elle aussi à des critères de chasse très précis. Elle peut être accordée que pour une journée ou plus, au maximum jusqu’à un an. Organisée, dirigée ou guidée, la licence de chasse peut s’exercer de différentes façons mais implique systématiquement l’ONF, qu’il s’agisse d’organiser la journée de chasse ou d’accompagner les chasseurs sur le terrain, grâce à des guides de chasse ONF.

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