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Dans la vie des équipes DFCI et leur lutte contre les feux de forêts

Vous souhaitez savoir comment les forestiers luttent contre les incendies ? Découvrez-le dans ce journal de bord de Fabien Brochiero, responsable du pôle de Défense des forêts contre les incendies (DFCI) à l'Office national des forêts (ONF) dans l'Hérault, le Gard et la Lozère.

Chaque année, l'été pointe le bout de son nez. Ce qui rime avec vacances pour les Français. Pour nous, les forestiers, il est plutôt question de vigilance et de surveillance face aux feux de forêt. Nos missions se regroupent sous trois catégories principales :

  • la prévention ;
  • la sensibilisation du public ;
  • le contrôle des actions de connaissance sur les incendies de forêt (relevés du point de départ et du contour, détermination de la cause).

Contrairement aux idées reçues, la défense contre les incendies en forêt ne s'effectue pas uniquement pendant la période estivale, la plus à risque. L'entretien de la végétation (débroussaillement) et l'aménagement des pistes et des points d'eau tout au long de l'année sont essentiels au bon déroulement de nos missions et de celles des pompiers pendant l'été.

Par exemple, nous utilisons le brûlage dirigé : il s'agit de feux allumés volontairement pour réduire la quantité de végétation combustible. L'objectif : freiner la propagation des incendies lors de la période estivale. De plus, à petite dose, le feu permet également de fertiliser le sol. Nous faisons donc d'une pierre deux coups !

Marie Parrot, responsable d'unité territoriale à l'ONF, appuie les secours depuis le poste de régulation du Service départemental d'incendie et de secours (SDIS) de l'Hérault. 3000 volontaires et 800 pompiers collaborent et se relaient pour la surveillance des feux de forêt, via un système de caméras installées dans des tours de guet. - ©16Prod / ONF

Les services de l'ONF nous apportent leur concours puisque ce sont eux qui connaissent le mieux la végétation. C'est une aide très précieuse pour nous aider à lutter contre les incendies de forêt en été.

Jérôme Alcazar, capitaine sapeur-pompier, responsable cartographie.

Autre opération qui se déroule hors saison et qui a toute son importance : les obligations légales de débroussaillement (OLD). Les constructions situées dans les zones exposées aux incendies de forêt (bois, forêts, garrigue, maquis, landes...) et à moins de 200 mètres de celles-ci doivent être débroussaillées sur 50 mètres de profondeur. Ceci permet de limiter la propagation du feu et de diminuer la puissance potentielle d'un incendie.

Une prévention cruciale, mais insuffisante

La prévention des incendies de forêts passe également par le travail du réseau hydrique. Durant tout l'été, une quarantaine d'opérateurs ONF réalise des prélèvements de végétaux afin d'établir leur degré de sécheresse. Ces prélèvements hydriques sont examinés en laboratoire. Une fois pesés, ils sont déshydratés pendant 24h à 60°C dans une étuve, puis de nouveau pesés.

Cette technique permet de connaître la teneur en eau des végétaux et de contribuer au calcul du niveau de risque incendie. Une information capitale que nous transmettons à Météo France pour indiquer le danger d'incendie sur les 15 départements méditerranéens.

En images, le prélèvement hydrique

Bien que la prévention soit cruciale dans notre métier, elle ne suffit pas. Avec plus de 90 % des incendies en forêt d'origine humaine, le point névralgique de notre mission reste avant tout la sensibilisation et l'information du public. Durant tout l'été, des patrouilles d'investigation et d'expertise forestière vont à la rencontre du public, notamment sur les sites balnéaires les plus appréciés des touristes.

Au programme : distribution de plaquettes d'information, explication de la réglementation applicable en matière de l'emploi du feu, discussion et échange avec les vacanciers et les locaux... mais aussi sanction en cas de non-respect de la réglementation.

Sur certaines zones touristiques, entre les pique-niques au bord de l'eau et les siestes sous les arbres, la tentation du barbecue ou de la cigarette est grande. Pourtant, du 15 juin au 30 septembre, toute source de feu est interdite aux abords de la forêt. L'été, mon conseil pour les pique-niques en forêt ou lisière de forêt : mangez froid !

Près du Lac du Salagou, un site touristique particulièrment fréquenté en été, Julien Carette et ses équipes procèdent à une patrouille de sensibilisation auprès du public. - ©16Prod / ONF

Des patrouilles armées en amont des pompiers

Lorsqu'un feu se déclenche, nos équipes doivent intervenir le plus rapidement possible. Si une fumée suspecte est détectée, l'alerte est reçue au centre de traitement des alertes du Service départemental d'incendie et de secours (SDIS) de l'Hérault. Comme une espèce de quartier général, c'est là que s'opère la coordination des services en charge de la surveillance des feux de forêt.

Les forestiers-sapeurs du conseil départemental y sont présents et peuvent être alertés de plusieurs manières : une alerte radio donnée par une patrouille de surveillance, un appel téléphonique provenant d'un civil (18 ou 112) ou une fumée suspecte observée sur les caméras de surveillance du SDIS.

Des patrouilles forestières de première intervention de l'ONF (APFM) et du conseil départemental (forestiers-sapeurs) sont ensuite envoyées sur place. Si un feu s'est vraiment déclenché, la patrouille armée de la Défense des forêts contre les incendies est envoyée au front.

Habilitée pour intervenir sur un feu naissant, elle patrouille à l'aide d'un 4x4 équipé d'une citerne de 600 litres d'eau et agit pour limiter la propagation de l'incendie. Son objectif : faciliter les actions des pompiers. Si son intervention ne suffit pas, ce sont eux qui prennent le relai grâce à des moyens plus importants (camions et avions).

Karim Choua, agent de protection de la forêt méditerranéenne, observe une fumée qui vient d'être signalée. Finalement située hors secteur forestier, le relais est donné aux pompiers. - ©16Prod / ONF

Une fois le feu éteint par les pompiers, nos équipes techniques suivent un protocole précis. Nos techniciens forestiers vont d'abord cartographier le point de départ du feu et le périmètre de la zone incendiée. Puis, nous cherchons à déterminer la zone de départ du feu. Dans le cas d'une enquête judiciaire à la suite d'un dépôt de plainte, les forestiers formés en matière de recherche des causes procèdent à une investigation, en compagnie des gendarmes et des pompiers, pour déterminer l'origine de l'incendie.

Nous quadrillons notamment la zone d'éclosion du feu grâce à un système de drapeaux colorés : blanc pour le point de départ, jaune pour les flancs de l'incendie, rouge pour les zones de propagation. Au quotidien, notre travail demande de la précision, de l'expertise, de la disponibilité et du sang froid pour aiguiller au mieux les secours.

Habilitée à agir sur les feux naissants, la patrouille armée DFCI dispose d'uniformes adéquats, à l'image de ceux des soldats du feu. - ©16Prod / ONF

Travailler au service de la Défense des forêts contre les incendies ? C'est sans conteste un métier de passion. Car de la passion, il nous en faut pour traquer les feux de forêts malheureusement récurrents en Méditerranée.

Fabien Brochiero, responsable du pôle DFCI Hérault-Gard-Lozère.

Même s'il a des contraintes et d'importantes responsabilités, notre métier est très gratifiant, et d'une grande importance pour l'avenir des forêts de plus en plus sensibles en raison du réchauffement climatique. Et puis, nous avons facilement tendance à nous focaliser sur les dégâts, mais rarement sur ce qui a été sauvé. Souvent, après un feu, on remarque que de jeunes pousses se fraient rapidement un chemin à travers les cendres. Graines de résineux ou rejets de souches de feuillus, chaque arbre est capable de se régénérer après un incendie.

C'est une satisfaction de constater la capacité de la nature à renaître littéralement de ses cendres, et à observer sa faculté d'adaptation à des conditions très difficiles !

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