La réserve biologique du Bois des Ayes, un milieu riche à préserver
Le Pin cembro accueille de nombreuses espèces d'oiseaux comme le Casse-noix moucheté, qui vit en symbiose avec cet arbre. Tout en se nourrissant des graines de l’arbre, il lui permet de se reproduire. Vieillissant, le pin cembro va abriter le pic épeiche et le pic Noir qui vont se nourrir et se loger en creusant des cavités dans son tronc.
Après leur départ, les cavités serviront d'abri à la chevêchette d’Europe et à la chouette de Tengmalm, deux petites chouettes de montagne. Edouard Jeaudon, forestier dans la réserve, précise qu'il est exceptionnel de trouver ces deux petites chouettes présentes ensemble... Une autre espèce profite également de cet habitat, le Tétras-Lyre.
Pour préserver ces différentes espèces, l’ONF, en partenariat avec des associations locales, fédération de chasse ou encore Arnica Montana, organise plusieurs comptages au chien et au chant. C’est ainsi que l'on sait qu’au moment de la reproduction une vingtaine de coqs de Tétras-Lyre sont présents dans la Réserve ainsi que 5 à 6 poules, un couple de chevêchette, une chouette de Tengmalm et de manière sporadique, une chouette hulotte. Des chiffres qui restent relativement constants au fil des ans.
De nombreux autres inventaires sont effectués par les naturalistes de l’ONF, entomologiques (les insectes), mycologiques (les champignons), etc. D’autres structures, telles l’INRAE, viennent également dans cet espace protégé pour y accomplir comptages, études et relevés.
Dans la Réserve sont imbriquées une zone Natura 2000 et une réserve de chasse, qui couvre les deux-tiers de la superficie de la Réserve et qui est gérée par l’Office français de la biodiversité (OFB) et la Fédération des chasseurs des Hautes-Alpes.
Maintenir des milieux ouverts pour le Tétras-Lyre
Les pins cembro les plus âgés ont plus de 500 ans et sont principalement situés sur la partie sommitale de la réserve qui s’étage de 1 800 à 2 200 mètres d’altitude. Dans ce type de réserve, l’exploitation forestière n’est possible que dans un but de conservation des espèces, pas de production de bois.
Les travaux consistent à déchiqueter à l'aide d'une pelle-araignée avec un broyeur, les espèces invasives et de recréer des espaces ouverts, propices aux espèces menacées. Le pastoralisme permettra ensuite de maintenir ces espaces ouverts. Cependant, le rhododendron est à surveiller car, très dynamique, il est vite invasif et moutons comme vaches ne le pâturent pas, car il est toxique pour les animaux.
Or actuellement, l’habitat se referme. En cause, le Genévrier et le Rhododendron. Ils étouffent la myrtille et autres espèces de flore indispensables au tétras-Lyre. L’ONF, mandaté par la municipalité de Villard-Saint-Pancrace, a proposé une opération de broyage sur certains espaces afin de permettre aux espèces menacées de survivre et de se reproduire. C'est l'entreprise Valdoacro qui réalise les travaux.
En images, les travaux de broyage...
Le broyage des rhododendrons et des genévriers est très fin, ce qui permet de le laisser sur place. Avec le temps, ce broyat enrichira le sol, favorisant la pousse des espèces de flore.
La pente n’est pas un problème, avec la pelle-araignée on grimpe des pentes à plus de 80%, mais ici ce sont les rochers qui gênent un peu l’avancée de la machine et qui amplifient le risque de casse. Il faut donc être très vigilant.
A la suite des travaux, des suivis de la faune et de la flore seront réalisés par le bureau d'étude de l'ONF, sur plusieurs dizaines d’années. Quatre enclos hermétiques vont être constitués, ce qui va permettre de comparer la dynamique de végétation entre ces enclos et le reste de la réserve face au réchauffement climatique et aux travaux de broyage.
Ces enclos de 900 m², soit 30 m x 30 m, seront circoncrits grâce à des poteaux et de la câblette munie de réflecteurs pour protéger les oiseaux. Ce dispositif peut être enlevé en hiver afin que les hauteurs de neige ne les détruisent pas et remis au printemps. Ils seront hermétiques face au pâturage et à toutes activités humaines.
A noter pour 2022, un projet de création d'un sentier pédagogique afin d'expliquer ce qu’est une réserve biologique dirigée.
Combien ça coûte ?
Coût total de l'opération de broyage : 40 000 €, financés à 80 % par la Région Sud. La commune de Villard-Saint-Pancrace, maître d'ouvrage, a pris à sa charge les 20% restants. La maitrise d'œuvre a été assurée par l'ONF.
Durée des travaux : 6 semaines, de la mi-septembre à fin octobre 2021.