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En Forêt d'Exception® de la Grande Chartreuse, l'inventaire avifaune touche à sa fin

L’heure du bilan a sonné pour l’inventaire avifaune en Grande Chartreuse ! Longue vue à la main, tente sur le dos, sous le soleil ou la pluie, une trentaine d’ornithologues du réseau avifaune accompagnés de forestiers de l'ONF en Chartreuse ont récolté, pendant trois ans, des données sur les différents oiseaux présents dans cette Forêt d’Exception®.

95 espèces ont été recensées en forêt domaniale de la Grande Chartreuse. Parmi elles, 86 peuvent être considérées comme nicheuses, c’est-à-dire comme pouvant se reproduire directement dans la forêt où elles ont été observées.

L’inventaire, basé sur de nombreuses observations visuelles ainsi que sur un protocole scientifique, a été mené sur l’ensemble des habitats naturels de cette forêt de plus de 8 500 ha, répartie sur 3 étages de végétation (collinéen – montagnard - subalpin). Ce vaste territoire est en effet composé d’espaces forestiers, de milieux plus ouverts et même de cours d’eau. Ils ont chacun fait l’objet de toute l’attention du réseau durant 3 années consécutives. C’est notamment cette diversité de milieux et la grande surface du site qui explique la longue liste des espèces présentes.

Les professionnels de l'ONF en pleine observation. - ©Dimitry Demange / ONF

Parmi les 95 espèces ayant pointé leur bec, le Lagopède alpin est l’une des plus inattendues cette année : espèce typique des milieux d’altitude, autrefois nicheur en Chartreuse, il a disparu de longue date du secteur et ne fréquente le massif chartroussin que de manière extrêmement rare (les populations les plus proches se trouvant sur le massif de Belledonne).

Le Vautour fauve et le Gypaète barbu ont aussi déployé leurs ailes immenses au-dessus de quelques heureux membres de l’équipe mais ne nichent pas non plus ici. En revanche, on peut citer quelques raretés qui trouvent ici des conditions favorables à leur nidification : le Monticole de roche, le Tarier des prés ou encore la Fauvette babillarde.

Quelques oiseaux observés au cours des 3 années de l'inventaire

Sur l’ensemble des espèces contactées sur 3 ans, 23 sont considérées comme patrimoniales, c’est-à-dire inscrites sur les listes rouges nationales ou régionales du fait de leur rareté et vulnérabilité. Parmi les espèces emblématiques du massif, citons le Tétras-lyre, la Gélinotte des bois, la Chouette chevêchette d'Europe ou encore le Cincle plongeur, appelé aussi merle d’eau. Il affectionne la qualité des cours d’eau traversant le massif.

Coordonnée par Sylvain Ducruet, technicien forestier de l'agence Savoie-Mont-Blanc, l'étude a pu être menée à bien grâce à l'investissement des forestiers ornithologues du réseau avifaune qui ont mis en œuvre le protocole d'inventaire sur ces trois années et grâce à l'appui des techniciens locaux de l'unité Chartreuse-Voironnais pour les guider sur les secteurs difficiles d'accès. Suite au travail d'analyse de Pascal Denis, animateur du réseau avifaune, les résultats complets et détaillés de l'étude sont attendus pour la fin d'année. Ils seront automatiquement envoyés à l’Inventaire National du Patrimoine Naturel, mais également au service forêt de l’agence Isère qui œuvre actuellement sur la refonte de l’aménagement de cette Forêt d’Exception®.

Les paysages et sites d’observation de Grande Chartreuse

Toutes ces conclusions permettent d’une part de consolider l’idée que la forêt reste encore un refuge pour les oiseaux qui voient leur population en milieux urbains et agricoles s’effondrer depuis 20 ans. D’autre part, elles apportent aussi un éclairage nouveau et une meilleure connaissance à l’échelle locale. Ces résultats vont permettre aux prochaines opérations de gestion multifonctionnelle de la forêt de Grande Chartreuse et des milieux environnants de mieux tenir compte des besoins de l’avifaune et ainsi contribuer à sa meilleure conservation, pour le plus grand plaisir de nos yeux et de nos oreilles !