Réserve biologique dirigée de la Pointe d'Arçay

Située sur le littoral vendéen, la réserve biologique dirigée de la Pointe d’Arçay est représentative d’espaces en perpétuelle évolution : vasières, prés salés, plages et dunes allant de l’état mobile (dune blanche) à l’état fixé (dune grise) puis boisé.

La RBD de la Pointe d’Arçay est concernée par une ZNIEFF de type 1 et par un site de l'inventaire national du patrimoine géologique (INPG). Elle fait partie du Parc naturel régional du Marais Poitevin et d'un site Natura 2000 désigné au double titre de la directive Oiseaux et de la directive Habitats.

La forêt domaniale de Longeville, étirée sur plus de 16 kilomètres du littoral, a été créée en 1862 pour la protection des populations contre le mouvement des dunes. Dès 1836, le site avait été concerné par les premiers semis de Pin maritime visant à fixer le sable, érodé et transporté par le vent.

Le site de la Pointe d'Arçay a d'abord été l'objet, dès 1951, de la création d'une réserve de chasse, complétée par une partie maritime en 1973 avant que la partie terrestre devienne réserve de chasse et de faune sauvage (RCFS) par arrêté préfectoral en 1993.

En 1982, la RBD est créée par arrêté ministériel d'aménagement forestier pour renforcer la protection renforcée des 212 ha de complexe dunaire et de milieux humides de la forêt domaniale.

La RBD est constituée d’une pointe sableuse libre, en progression vers le sud-est, entre l'océan et l'estuaire du Lay. Les sables calcaires récents reposent sur des alluvions marines anciennes de nature argileuse. Sur ces sables récents, les sols sont peu évolués, filtrants et pauvres.

Dans les vasières, les sols sont très organiques, salés et gorgés d'eau.

L’estran abrite des habitats très spécifiques. Le schorre correspond aux vases consolidées formant des replats exondés à marée basse (CB : 14 - N2000 : 1140). Il est séparé de la slikke, domaine de la vase molle, par une rupture de pente parcourue par de nombreux petits chenaux et comprenant des végétations annuelles à Salicorne (15.1 - 1310), des prés à Spartine (15.2 - 1320) et des prés salés (15.3 - 1330).

En arrière du rivage, la dynamique sédimentaire, toujours très active, façonne un massif dunaire complexe : dunes mobiles embryonnaires (16.211 - 2110), dunes blanches (16.212 -2120), dunes fixées à végétation herbacée (16.221 -2130*), forêts dunaires de Pin maritime (16.29 - 2180, qui couvrent 40% de la surface de la RBD). Au nord de la réserve, les pineraies gagnent en maturité et s’enrichissent de Chêne vert.

Des milieux interstitiels liés aux apports d’eau douce (estuaire, chenaux) et les milieux en dessalure des fonds de dépressions constituent des habitats d’une grande richesse spécifique. Les dépressions intradunaires sont occupées par des pelouses pionnières (pannes), des prairies humides, des roselières et cariçaies (16.3 - 2190).

Chacun des compartiments fonctionnels héberge un cortège particulier d'espèces végétales, certaines rares ou menacées.

Les substrats vaseux (slikke et schorre) sont le domaine des espèces halophytes, adaptées à la forte salinité des sols. On y compte pas moins de sept espèces différentes de salicornes.

Sur les dunes mobiles, la végétation reste assez pauvre, dominée par des espèces sociales comme le Chiendent maritime, l’Oyat ou le Panicaut des dunes. Sur les dunes fixées, on remarque l’Œillet des dunes (PN). Quant aux dunes boisées, elles abritent trois espèces protégées en Pays de la Loire : le Ciste à feuille de sauge, l’Epipactide à fleurs pendantes et la Céphalanthère à longues feuilles.

Plus de 220 espèces d’oiseaux ont été recensées sur la Pointe d’Arçay, dont près de 70 nicheuses et une cinquantaine d'espèces menacées en France et/ou d’intérêt communautaire. Citons, parmi les plus remarquables, le Canard pilet, le Combattant varié, la Guifette noire, le Hibou des marais, la Sarcelle d'été et occasionnellement le Pygargue à queue blanche.

Par sa position sur le littoral atlantique, la Pointe d'Arçay est une étape migratoire pour des oiseaux d’eau, qui s'y s’alimentent ou l'utilisent comme remise diurne. Il existe une complémentarité entre la RBD et les autres réserves du sud de la Vendée : Baie de l’Aiguillon, Lagune de la Belle Henriette…

La RBD de la Pointe d'Arçay est également un site herpétologique important pour la reproduction du Pélobate cultripède, du Pélodyte ponctué et du Triton crêté (tous trois protégés, DH2 pour le Triton).

Depuis la création de la RBD, l'ONF a géré le site en collaboration étroite avec l'autre acteur historique qu'était l'Office national de la chasse et de la faune sauvage (ONCFS), devenu partie intégrante de l'Office français de la biodiversité (OFB).

L’objectif de la réserve biologique est d’assurer une gestion globale et durable du site, et d'abord de maintenir son intégrité en contrôlant strictement la fréquentation. Ainsi, la réserve est en partie enclose, ce qui représente un niveau de protection exceptionnel sur le littoral atlantique pour un site aussi sensible. Mais pour que le public puisse découvrir les richesses naturelles de la réserve, des visites guidées y sont organisées durant l’été.

Pour la partie forestière, la gestion vise à créer une mosaïque de peuplements d’âges et de compositions variées et à favoriser les feuillus. La physionomie de cette partie de la réserve est encore marquée par la sylviculture passée, qui avait été conditionnée par un objectif prioritaire de protection physique du milieu, prévalant toujours au voisinage de l'agglomération de La Faute-sur-Mer.

Pour la partie non boisée de la RBD, l'essentiel de la gestion consiste à laisser libre cours à la dynamique du cordon littoral. Pour certains milieux ouverts (prairies humides…), une gestion conservatoire est réalisée (fauchage avec exportation, creusements de mares…). La lutte contre les espèces exotiques envahissantes (Baccharis, Yucca) constitue également un enjeu important.