Réserve biologique intégrale de la Brèze
La réserve biologique intégrale (RBI) de la Brèze est située en forêt domaniale de l’Aigoual, dans les Cévennes, au nord-ouest du mont Aigoual. Cette région a subi durant plusieurs siècles l'action marquée de l'Homme : forte exploitation forestière et transformation des bois en pâturages, à leur tour victimes de surexploitation ; consécutivement, graves problèmes d'érosion et de crues, à l'origine des actions de Restauration des terrains en montagne (RTM) par l'administration des Eaux et Forêts à la fin du XIXe siècle.
Entre 1120 et 1465 m d’altitude, la réserve se déploie au cœur d’un des plus grands noyaux résiduels de hêtraie du massif. Elle n'a subi aucune intervention significative depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. On y trouve des arbres plusieurs fois centenaires, fait relativement rare au sein des hêtraies cévenoles actuelles.
La forêt est inventoriée en ZNIEFF de type 1 "Haute vallée de la Brèze", incluse dans une vaste ZNIEFF de type 2 "Massif de L’Aigoual et du Lingas". Elle fait aussi partie, pour le réseau Natura 2000, de la ZPS "Les Cévennes". La forêt domaniale fait en outre partie du cœur du Parc national et de l'aire centrale de la réserve de biosphère des Cévennes.
La forêt domaniale de l’Aigoual a reçu en 2019 le label Forêt d’Exception®, qui vient renforcer la convergence existant entre les acteurs locaux. Ce label distingue la qualité de la gestion de forêts reconnues pour leur patrimoine unique en termes d’histoire, de paysages, de biodiversité ou de bois de grande valeur.
Histoire
Les plus anciens écrits traitant de la Brèze remontent au XIIIe siècle. La zone semble avoir bénéficié d'une bonne continuité forestière à la fois dans le temps et dans l'espace. Malgré des atteintes plus ou moins prononcées à l’intégrité des forêts cévenoles au cours des siècles passés, les études sur les forêts anciennes du Parc des Cévennes montrent que la RBI se situe au cœur d'un noyau de boisements ancestraux (secteur boisé au moins depuis 1850) et les peuplements qui y subsistent n'ont pas subi d’intervention forestière depuis plus d'un demi-siècle. C'est ce qui a motivé le choix du site pour en faire une RBI.
La hêtraie ayant néanmoins été exploitée depuis le Moyen Age pour la fabrication de charbon de bois, il existe d’anciennes charbonnières sur l’ensemble de la réserve (18 ont été recensées). Il reste également quelques vestiges de murets et d’abris.
Géologie - Pédologie
La RBI de la Brèze appartient au grand massif magmatique et métamorphique qui constitue le mont Aigoual. Les roches sont des granites, des micaschistes et des quartzites.
Les sols y sont acides, plus ou moins caillouteux, les humus épais. La réserve en eau est très variable, du fait également de l'opposition marquée de versants entre adret et ubac.
Milieux naturels
Sur la majorité de sa surface, la RBI de la Brèze abrite deux variantes caractéristiques des hêtraies méridionales montagnardes de l'Aigoual : la hêtraie acidiphile atlantique à Luzule des neiges (CB : 41.12 - N2000 : 9120) et la hêtraie neutrocline à Calament à grandes fleurs (ou « Thé d’Aubrac ») (41.174). Les peuplements forestiers sont des futaies ou, surtout, des futaies sur souches (héritage de l'ancien traitement en taillis de la hêtraie), âgées de 120 à 160 ans. Dans les fonds vallons, en bord de ruisseaux, le Hêtre conserve sa place dominante pour constituer une autre variante, la hêtraie à Géranium noueux. Outre le Hêtre, qui représente plus de 95% des tiges recensées dans la réserve, quelques résineux subsistent de l'époque des reboisements du massif de l'Aigoual ; ils occupent une surface légèrement inférieure à 4,5 ha.
La régénération est logiquement dominée par le Hêtre, essence dominante et la plus apte à supporter l'ombrage de la futaie. S'y joignent sporadiquement quelques feuillus divers ainsi que de rares pousses de Sapin qui ne semblent pas dépasser le stade du semis, en raison d’un abroutissement par le gibier.
La réserve est quasiment intégralement boisée : seuls subsistent de rares lambeaux de landes à Genêt purgatif (31.842 - 5120), de mégaphorbiaie montagnarde (37.81 - 6430) et une infime surface de pelouse siliceuse sèche (35.1 - 6230).
Flore
La RBI de la Brèze a été créée pour la typicité de ses habitats de hêtraie et pour l'âge élevé et le niveau de naturalité des peuplements. Sa flore, en revanche, ne présente pas d'espèces particulièrement rares. On y trouve tout de même une espèce protégée au niveau national, la Gagée jaune. A signaler également : l’Ail victorial, le Doronic à feuilles cordées et l’Arabette des Cévennes, cette dernière ayant la particularité d'être endémique de la région.
Faune
Depuis la création de la réserve en 2006, les connaissances associées à la faune ont bien progressé.
Du fait du maintien d'arbres creux et âgés, les chauves-souris sont très présentes, en particulier des espèces forestières comme la Barbastelle d’Europe, le Grand Murin, le Murin d’Alcathoe et l’Oreillard roux, ce dernier se reproduisant de façon certaine dans la réserve.
Les arbres âgés, voire sénescents, sont également favorables au développement d’une intéressante entomofaune spécialisée, comme Rhizophagus brancsiki, ou encore le très rare Rabocerus gabrieli, connu de seulement 8 localités en France.
Le Pic noir (DO1) et la Chouette hulotte sont connus sur le site.
Le Cerf, introduit dans les Cévennes, est très présent et cause de sérieux dommages à la régénération forestière (Sapin, Hêtre).
Gestion
La réserve de la Brèze fait partie d'un ensemble de RBI existantes ou en projet dans les forêts domaniales au sein du Parc national des Cévennes. Observatoires de la dynamique forestière naturelle, les exploitations forestières y sont proscrites. En revanche, les populations de cervidés sont régulées en l'absence ou faible présence de prédateurs naturels, pour préserver les équilibres faune-flore et les processus dynamiques naturels. L'amélioration des connaissances et le suivi de la réserve sont l'objet d'actions partenariales entre le PNC et l'ONF.