La quille du bateau de Guillaume le Conquérant en chêne de Bellême

Grâce à la sylviculture ONF, l’association La Mora a pu démarrer son chantier de reconstruction du bateau de Guillaume le Conquérant. Objectif : le mettre à l’eau en 2030. Un chêne bien spécifique issu de futaie était nécessaire pour réaliser la quille. L’élu a été trouvé en forêt domaniale de Bellême.

Un arbre aux qualités techniques exceptionnelles

Chêne sessile, 40 m de hauteur, 23 m de grume, 90 cm de diamètre : il s’agit là de l’arbre choisi pour démarrer la reconstruction du bateau de Guillaume le Conquérant.

Un arbre aux caractéristiques exceptionnelles dont seule une sylviculture de futaie régulière menée par plusieurs générations de forestiers, dans une forêt non moins exceptionnelle telle que celle de Bellême, a permis d’exister.

Ces caractéristiques, il n’en fallait pas moins pour réaliser la quille de la Mora, drakkar de Guillaume le Conquérant, que l’association La Mora a projeté de reconstruire à l’identique. Une quille de 21 m de long en une seule pièce brute taillée manuellement.

6 ans de fabrication pour la Mora, selon les méthodes du moyen-âge

Les co-traitants Ateliers Desmonts et Chantier Naval Bernard sont à l’œuvre pour la construction du bateau. Après l’expérience menée avec succès pour Notre-Dame de Paris et la cathédrale Saint-Pierre à Beauvais, l’ONF s’est vu une nouvelle fois approché pour trouver la perle rare. Défi relevé par les forestiers locaux de Bellême et du service commercial bois. Après une demi-journée de prospect, charpentiers et forestiers font le choix du chêne de la parcelle 50. Coupé en février dernier, il a été transporté à l’atelier de construction de la Mora situé à Honfleur. Deux mois ont été nécessaires aux charpentiers, avec des répliques d’outils du moyen-âge, pour réaliser la quille de la Mora.

Plusieurs autres arbres serviront à la construction du bateau, notamment pour des pièces de bordés ou encore le mât. La reconstruction de la Mora prendra 3 ans.

La Mora II : un chantier d’archéologie expérimentale

La reconstruction de la Mora représente une aventure aussi fantastique que l’épopée vécue par Guillaume le Conquérant. Imaginez la reconstruction à l’identique du drakkar ayant effectué la traversée vers l’Angleterre en 1040 ; celle qui devait amener Guillaume le Conquérant à devenir roi d’Angleterre lors de sa victoire à Hastings. Le dessein aujourd’hui y est nettement plus pacifique mais il réunira sûrement au moins autant d’énergie et d’heures de travail que pour nos ancêtres. En effet, La Mora du XXIe siècle est construite avec les techniques du Xe siècle.

Découvrez la reconstruction de la Mora en 3 D

©Association La Mora

Il s’agit là d’un projet d’archéologie expérimentale. Elle s’appuie sur la Tapisserie de Bayeux et l’expertise de son comité scientifique composé de spécialistes de l’histoire maritime normande et en archéologie maritime, d’architectes navals, de charpentiers etc… Les connaissances empiriques du musée de Roskilde, au Danemark a également servi à la réalisation de ce projet. En effet, ce musée bénéficie d’une solide expérience dans la reconstruction de plusieurs répliques de bateau selon les techniques du XI ème siècle, suite à la découverte d’épaves à Skuldelev, en 1962.

Mise à l’eau prévue de la Mora : mars 2030 !

Zoom sur le site "La Mora" à Honfleur

Vivez La Mora et l’épopée de Guillaume le Conquérant dans un site dédié, situé à Honfleur : chantier spectacle de la construction, scénographie, service de restauration, boutique etc...

Pour suivre l'aventure de la reconstruction de la Mora, abonnez-vous à sa page facebook.

Les semis de la prochaine génération de forêt sont déjà bien installés - ©Valentin Chaline / ONF

Le chêne n’a pas été sacrifié pour la circonstance

Tout au long de sa vie la forêt est cultivée et exploitée pour répondre à nos besoins en bois. Tous les 8 à 15 ans, le forestier coupe quelques arbres pour prélever le bois nécessaire, tout en continuant à cultiver les arbres restants pour qu’ils grossissent et grandissent (procédé analogue à ce que fait le jardinier en éclaircissant ses carottes). 

Cette opération a lieu jusqu’au stade final qui consiste, avant que les arbres ne soient trop vieux et dégradés, à assurer la génération suivante. Le chêne de la Mora a été coupé dans une parcelle arrivée à ce dernier stade de vie. Il laisse derrière lui un tapis de jeunes semis de chêne.

Parmi les valorisations possibles de son bois, La Mora de Guillaume le Conquérant a été sa destinée.

Découvrez le cycle d'une forêt gérée

©ONF