Forêt de Jouy : cap sur un nouvel aménagement forestier

D’allure naturelle, la forêt domaniale de Jouy n’est pourtant pas un espace immuable. Elle fait l’objet d’une attention constante des forestiers. Toutes les interventions engagées par l’ONF figurent dans un plan de gestion durable établi pour 20 ans. L’ONF entame la révision du nouveau document qui s’échelonnera sur la période 2025-2044.

Située sur le plateau Briard dans le département de Seine-et-Marne, à une dizaine de kilomètres à l’ouest de Provins, la forêt de Jouy fait l’objet d’une gestion durable. Ni fortuite, ni improvisée, celle-ci repose sur un document formel, appelé « aménagement forestier », validé par le ministre en charge des forêts. Cette feuille de route fait l'objet d'une révision.

Le but du travail mené actuellement par les forestiers ? Rédiger la feuille de route qui planifiera les opérations à engager durant la période 2025-2044, en vue de répondre aux grandes fonctions allouées aux forêts publiques : accueillir le public, conserver les milieux naturels, préserver la biodiversité et produire du bois.

« D’un point de vue sylvicole, le plan de gestion définit les grands enjeux et détermine les choix techniques. Pour chaque parcelle, il indique l’année de passage en coupe, le type de coupe et un volume estimatif de bois à mobiliser. Il précise aussi les travaux nécessaires pour aider notamment les semis de chêne contre la concurrence végétale et leur assurer un bel avenir… », détaille Arnaud Lacomme, technicien forestier du secteur.

Le document actuel arrivera à échéance en 2029, l’ONF anticipe son renouvellement en raison du changement de mode de sylviculture.

Une gestion en « futaie irrégulière »

Dans cette forêt, il a été décidé d’appliquer une gestion en « futaie irrégulière ». Que l’on considère plus adaptée aux enjeux périurbains notamment paysagers puisqu’elle vise à faire cohabiter des arbres d’âges différents, d’essences mélangées aux tailles variées sur une même parcelle. En l’absence de problème sanitaire, le couvert boisé s’en trouve maintenu en permanence, sans coupe « rase ».

Ici, le renouvellement de la forêt est assuré majoritairement par régénération naturelle, en même temps que le prélèvement d’arbres d’âges différents, allant des petites tiges, jusqu’aux gros arbres mûrs. Une telle gestion crée des puits de lumière dans lesquels les plus jeunes arbres peuvent se développer.

Principe de la futaie irrégulière

Connaître le patrimoine forestier

Elaborer un nouveau plan de gestion n’est pas une mince affaire. Mais nécessite avant tout de bien connaître la forêt. C’est pourquoi la révision débute toujours par un bilan de la gestion passée, puis s’appuie sur des états des lieux détaillés des peuplements forestiers. Les actions futures ne sont envisagées qu’une fois ces étapes terminées.

Etapes de la révision d'un aménagement forestier

Pour connaître le patrimoine forestier, l’ONF s’appuie sur différentes méthodes d’inventaire. L’une d’elle consiste à décrire un réseau statistique de placettes permanentes.

« Au printemps et en été, nous avons sillonné les 1 600 ha de la forêt de Jouy, dans lesquels nous allons installer et mesurer un réseau de 184 placettes permanentes géoréférencées, couvrant chacune une surface de 700 m2. Au fil du temps, ce dispositif nous aidera à suivre l’évolution de la forêt mais aussi à mesurer les effets de notre gestion », explique Arnaud Lacomme.

A l’intérieur de chaque placette, tout est décrit : « On recense les arbres, identifie leur essence, mesure leur diamètre et estime leur qualité. Puis, on observe le renouvellement en cours (présence ou non de semis) et évalue certaines composantes biologiques comme la présence de bois mort sur pied et au sol. Ces résultats sont extrapolés à l’échelle du massif et permettent d’obtenir une image assez fidèle du patrimoine forestier actuel dans toutes ses composantes. Ce travail s’attache aussi à évaluer la ressource en bois et à estimer la croissance des arbres » poursuit-il.

En remesurant ce réseau tous les dix ans, les forestiers voient comment la forêt évolue : croissance des arbres, volume de bois prélevé, état du renouvellement, état sanitaire… Il est dès lors facile d’apprécier les effets de la gestion dans le temps et de l’adapter en cas de nécessité.

Installation et mesure d'un réseau de placettes permanentes

Une deuxième phase de diagnostic

Après l'analyse des 184 placettes permanentes, les forestiers mènent une deuxième phase de diagnostic à l’échelle du parcellaire de la forêt. La forêt de Jouy est divisée en 105 parcelles de 10 à 20 ha, à l’intérieur desquelles une description plus fine du peuplement s'effectue. Cette étape permet de préciser les orientations de gestion spécifiques à chaque parcelle, les priorités d’intervention sylvicole (coupes, travaux) et ainsi d’établir une planification des actions pour la période de l’aménagement.

Une description des types de sol en place est également prévue, les données en la matière méritant d’être précisées pour la forêt de Jouy. Ces informations permettent de déterminer les potentialités de croissance de chaque essence forestière, en fonction des caractéristiques du sol (niveau du réservoir en eau du sol, présence d’argile, présence de calcaire...), dans un contexte d’anticipation des effets du changement climatique.

 

©Milena Vasconcélos / ONF

A l’issue de cette longue phase de description, un agent de l’ONF, appelé aménagiste, va s’appliquer à trier, analyser et synthétiser l’ensemble des données récoltées sur le terrain. En parallèle, il s’attachera à recueillir les attentes des communes du territoire et des différentes associations concernées par la gestion de la forêt de Jouy. Il devra également analyser les évolutions foncières du massif, prendre en compte l’ensemble des études et données existantes en matière de biodiversité (inventaires naturalistes) ou d’accueil du public. Rien n’est laissé au hasard.

Choisir les grandes orientations de gestion

Une fois ce diagnostic global effectué, la dernière étape consiste donc à définir les orientations proposées pour les deux prochaines décennies et établir une planification des actions permettant d’assurer une gestion durable et multifonctionnelle de la forêt, à la fois sociale, écologique et économique. L’objectif est d’achever la rédaction de ce nouveau plan de gestion au premier semestre 2025 avant de le soumettre à l’approbation du ministre en charge des forêts et ainsi le rendre applicable pour les prochaines années.

Les partenaires locaux invités à participer à la description de la forêt

Samedi 9 novembre, les élus et les associations du territoire sont invités à participer à une description d’une placette. Cette matinée entend les sensibiliser à la gestion forestière. Dans une région où les élus se trouvent en première ligne, elle s’attache aussi à leur donner des réponses aux questions posées par le public.