Tronçais, Forêt d'Exception® : une chênaie prestigieuse au cœur du territoire
Un contexte favorable
Située dans la région naturelle du bocage bourbonnais, au nord-ouest du département de l'Allier, la forêt de Tronçais constitue un massif dense de 10 583 hectares. La forêt domaniale qui regroupe quatre massifs (à l’est, La Remenanche, au centre, la Réserve, à l’ouest, la Lande Blanche et au sud La Bouteille), se situe au cœur géographique de la France.
Le paysage y est façonné par l'omniprésence du chêne, parfois en mélange avec le hêtre et le charme. Cinq unités paysagères forgent "l'esprit des lieux" de Tronçais : le val d'Aumance avec ses versants doux, les étangs, puis au centre les jeunes futaies et les lisières et enfin, les vieilles futaies qui font la renommée du massif.
L'histoire d'une sylviculture d'excellence
Quand au XVIIe siècle, Tronçais est une futaie dégradée par l'usage du bois par les habitants, le ministre Colbert engage alors une grande réforme et édicte la première grande loi forestière de 1669. Elle établit les premières règles sylvicoles, et détermine des objectifs à long terme de production de hautes futaies qui s'appliquent alors à Tronçais. Au XVIIIe siècle, les maîtres de forges s'installent, moyennant l'engagement d'ensemencer des parcelles. L'une d'entre elles est la futaie Buffévent ou Futaie Colbert II, renommée et objet de nombreuses visites.
Le document d'aménagement de la forêt de Tronçais est rédigé par Buffévent en 1832, qui préconise de nouvelles méthodes de coupes et de reboisement, en s'appuyant sur l'observation et la technique. C'est le point de départ de l'amélioration continue du massif et de la futaie régulière.
La forêt d'aujourd'hui est le fruit d'une constance de traitements appliqués depuis lors. Qui donne les bois d'exception de renommée mondiale.
Des bois de tonnellerie de renommée mondiale
Le patrimoine forestier de Tronçais fait l'objet d'une gestion durable, raisonnée, afin de garder un équilibre global des classes d'âge de peuplements forestiers. Cette gestion conduit à réaliser des éclaircies et à régénérer naturellement des peuplements. Le renouvellement de ces futaies adultes produit ainsi des bois exceptionnels. Aujourd'hui, leur usage le plus noble est celui de la tonnellerie. Les merrains correspondent aux bois de chênes dont les caractéristiques les rendent propres à la production de douelles, éléments constitutifs des tonneaux.
La qualité du bois produit une alchimie dont bénéficient les meilleurs vins. La merranderie constitue un élément économique majeur dans l'Allier et au-delà. Le tonneau français est un produit de haute technologie qui nourrit une filière économique en essor.
Les savoirs et savoir-faire de la futaie régulière de chêne sont inscrits à l’inventaire national du patrimoine culturel immatériel de la France depuis le 8 juin 2022, une démarche pilotée par le ministère de la Culture.
Un cœur de biodiversité
Outre les zones Natura 2000, Tronçais compte deux réserves biologiques (réserve de Nantigny et réserve biologique intégrale de la Futaie Buffévent) conçues pour suivre les processus d'évolution naturelle de la forêt, et la conservation d'espèces associées aux vieux peuplements. Les vieilles futaies hébergent de nombreuses espèces d'insectes, d'oiseaux et de chauves-souris. Des étangs, prairies et landes parcourent la forêt et abritent une diversité écologique importante.
Orientations de la démarche territoriale
Le massif de Tronçais est ancré dans le territoire avec une forte identité. Les deux communes principales sont Ainay-le-Château et Cérilly. L'intercommunalité du Pays de Tronçais rassemble 16 communes, à l'emblème de la feuille de chêne : Tronçais rassemble le territoire.
Basés sur la concertation, le premier contrat de projet pour la période 2017-2021, et le deuxième contrat signé en 2022 jusqu’en 2026, dans la continuité, fixent trois grandes orientations stratégiques, afin d’assurer une gestion durable de la forêt, qui fédèrent les partenaires. D’une part, découvrir une forêt reliée à son territoire, d’autre part, gérer un patrimoine forestier unique, et enfin, créer une dimension de laboratoire afin d’appliquer une sylviculture pour un bois d'exception.
Des aménagements adaptés pour accueillir le public en forêt
Afin d’accueillir au mieux le public en forêt, de nombreux équipements d'accueil existent depuis longtemps dans ce massif très fréquenté. En 2010 une charte partenariale a été signée entre l'ONF et la Communauté de communes, pour donner toute sa place au tourisme dans cet espace naturel remarquable. Ainsi, 5 pôles d’accueil majeurs sont aménagés en forêt pour mieux accueillir les publics : aménagements en futaie Colbert II, création d’un sentier autour de l’étang du Pirot, aménagement de l’espace d’accueil du Rond de la Cave et du Rond Thiolais, et amélioration de la signalétique de l’étang de Saint-Bonnet.
Un plan paysage opérationnel
Tous ces aménagements résultent notamment de l’analyse paysagère mise en œuvre, dès 2017, ainsi que les actions liées à la sylviculture, au patrimoine identitaire de la forêt comme le sont les "ronds" ou carrefours qui jalonnent le massif ainsi qu'aux transitions entre entrée, forêt et routes.
Les routes forestières, objet de concertation
Pour permettre la gestion forestière, un vaste réseau de routes existe en forêt de Tronçais. Le plan de circulation a pour objectifs de limiter l'accès aux véhicules motorisés pour préserver les espaces naturels et la tranquillité, améliorer les circulations douces, et limiter les coûts de gestion.
Favoriser l’activité économique locale grâce au bois
L'ONF mobilise 50 à 60 000 m3 de bois chaque année. L'économie de la forêt et du bois est donc importante, pour les entreprises de travaux forestiers, de première et de deuxième transformation du bois. L'accent est mis par les acteurs locaux notamment par l'investissement dans une plate-forme commune de stockage des bois.
Cultiver l’excellence environnementale
A Tronçais, la gestion en futaie régulière menée de longue date permet d'avoir une diversité d'habitats très intéressante à l'échelle de la forêt, tant en âge de peuplements qu'en diversité des structures verticales. Par exemple, un vieux peuplement forestier représente un habitat potentiel intéressant pour de nombreuses espèces de vieilles futaies (pics, insectes, chauves-souris). A l'inverse, une parcelle en cours de régénération représente un habitat très intéressant pour des espèces comme les lépidoptères ou certains oiseaux.
Dans un contexte où le réchauffement climatique a également des impacts sur les chênaies ligériennes, de nombreuses actions de sylviculture permettent de cultiver la diversité et de préserver les milieux. Les actions sont continues pour améliorer la connaissance, grâce à des études réalisées par les associations naturalistes locales ou les experts naturalistes de l'ONF.