Unique dans le Grand Est : un peuplement classé de cèdres de l'Atlas

En plantant 1 500 plants de cèdres de l’Atlas en 1957, personne ne se doutait que, 64 ans plus tard, la qualité des arbres de ce peuplement réparti sur 2 hectares serait remarquée pour la production de graines. Surtout dans un contexte de sécheresses successives qui a vu dépérir les forêts du Grand Est en un temps record. Pour préserver des arbres capables de s’adapter à l’évolution du climat, il a fallu repenser certains modèles de gestion de la forêt.

Validé en 2021 par INRAe, c’est le seul peuplement classé de cèdres de l’Atlas du Grand Est. À presque 70 ans, ces arbres de 25 mètres environ - qui demandent le même entretien qu’un peuplement classique – représentent un enjeu fort pour la régénération des forêts françaises.

À l’heure où tous les acteurs de la filière forêt-bois cherchent des plants capables de résister aux nouvelles conditions climatiques, ce classement est une très bonne nouvelle. Car cette essence, bien adaptée au climat hexagonal, dispose d’une bonne tolérance à la sécheresse grâce à sa capacité à puiser l’eau en profondeur.

C’est aussi un bois de production de qualité qui permet d’alimenter les entreprises de la filière.

Le choix de favoriser cette essence répond aux objectifs fixés dans la stratégie d’adaptation des forêts au changement climatique de l’ONF, comme le confirme Jean-Marc Fillion, chef du service forêt à l’agence ONF de Bar-le-Duc : « Il ne faut pas oublier que nous sommes chargés d’approvisionner la filière bois. On recherche aujourd’hui toute une variété de plants d’essences provenant de France, mais aussi du bassin méditerranéen, d’Europe de l’Est, d’Amérique...Le fait d’alimenter la filière grâce à des graines qui proviennent de la forêt communale de Velaines, c’est la démonstration d’un circuit-court vertueux, et c’est un message très positif. On a un gisement de graines à nos portes ! ».

Que produit ce gisement ? Avant de procéder à une opération de récolte sur un arbre, les forestiers s’assurent d’abord que le volume de fructification est suffisamment important. La première récolte des cônes a pu s’effectuer sur la moitié des individus présents (40 arbres sur les 80 classés).

Pour un début, c’était encourageant. Les années suivantes ont connu des taux variables et en 2024, la fructification n’a pas été au rendez-vous.

« C’est normal, c’est quelque chose qui reste aléatoire, cela peut varier fortement d’une année à l’autre », rappelle Jean-Michel Colle, responsable graines et plants ONF pour le Grand Est. D’où l’importance de mettre tout en œuvre pour préserver ce peuplement classé. Et pour développer des initiatives qui vont dans le même sens.

Ainsi, en 2022, l’ONF et la commune ont travaillé main dans la main pour planter 6 000 autres plants de cèdres de l’Atlas et un peuplement de cyprès de l’Arizona dans le cadre de tests en gestion. Cela n’aurait pu se faire sans la très grande implication de la mairie de Velaines. Ce dont se réjouit Jean-Michel Colle : « C’est très intéressant pour nous quand un maire se fait porte-parole de l’utilité de classer les peuplements et d’utiliser des essences adaptées au changement climatique. C’est un appui majeur pour se faire entendre auprès des élus sur l’importance d’utiliser des essences adaptées, produites localement ».