Danh Vo crée pour la Bourse de Commerce une installation à partir d'arbres dépérissants
En plein cœur de la Rotonde de la Bourse de Commerce, émerge l’œuvre « Tropeaolum » enracinée dans une serre de métal, de béton et de pierre. Pour sa réalisation, l'artiste danois Danh Vo a sélectionné cinq arbres en forêts communales de la Flachère et de Lissieu, dans le Rhône, avec l’appui de l'ONF. Pour Dominique Deniau, technicien forestier de l’ONF dans le Rhône, a été surpris par la demande : « C’est très inhabituel. C’est la première fois en 30 ans de carrière que l’on me sollicite pour ce genre de projet ».
Pour Charles Gohy, régisseur de la Biennale d’art contemporain de Lyon et producteur délégué par la Bourse de Commerce, ce partenariat était une évidence : « Quand j’ai été contacté mi-septembre pour ce projet d'installation à grande échelle impliquant des arbres trouvés en forêt, j’ai tout de suite pensé à l’ONF ».
Début du projet en forêts de Lissieu et de la Flachère
Le projet a démarré en forêt. L’artiste, son équipe et les techniciens forestiers sont allés à la rencontre de chênes torturés (voire déformés) par l'action du vent ou de la foudre, ou morts debout, avec des formes intéressantes. « On nous a demandé de trouver des arbres ayant une histoire à raconter. Rapidement, je me suis dit qu’un arbre mort montrait les blessures qu’il avait pu avoir de son vivant, mais également symbolisait la vie après la mort », explique Dominique Deniau.
Les arbres sont source d’inspiration pour Danh Vo depuis plusieurs années. L'artiste vit en effet dans son atelier-ferme, près de Berlin, depuis 2017, où il a développé une nouvelle relation à la nature. Ainsi, à la suite d'une tempête qui s’est abattue près de chez lui il y a quelques années, un arbre s’est retrouvé fendu en plusieurs morceaux. Il a alors construit des béquilles afin de soutenir l’arbre, qui est toujours en vie aujourd’hui.
« C’est une thématique qui passionne Danh Vo. Dans ce projet, il y a bien sûr une translation, car faire de l’art contemporain, ça n’est pas reconstruire à l’identique des éléments qui existent dans la nature. Il y a nécessairement une traduction », indique Charles Gohy.
De l’arbre à l’œuvre d’art, toute une histoire
L'une des difficultés dans ce projet a été l'acheminement des cinq chênes des forêts du Rhône jusqu’à la Bourse de Commerce. Une fois les arbres morts sélectionnés, les techniciens de l’ONF les ont disposés non loin d’un chemin pour en faciliter l’extraction. Puis ils ont été transportés, juste avant Noël, jusqu'à un atelier de Vénissieux pour la phase de séchage.
Une installation inédite
La structure a finalement pu être installée sans encombre, pour le plus grand bonheur des visiteurs, nombreux dès le week-end d’ouverture.
Charles Gohy est ravi de ce résultat et de cette collaboration.
Ce fut une belle rencontre avec les agents de l’ONF, qui étaient très impliqués. Ils ont tout de suite compris le projet et n’ont pas hésité à l’accompagner.
Une exposition à voir ou à revoir à la Bourse de Commerce – Pinault Collection, jusqu’au 24 avril 2023.